Guerre en Ukraine : à Londres, les habitants des quartiers huppés dénoncent l’argent sale des oligarques
Des centaines de résidences de la capitale anglaise appartiennent à de richissimes propriétaires qui s’abritent dans des paradis fiscaux. Il s'agit souvent de Russes proches du Kremlin, actuellement dans le viseur des autorités, mais pas seulement.
Joe Powell longe une large avenue du quartier de Kensington et s’arrête pile devant un immeuble moderne. "Il y a cinq ans, Polina Kovaleva, la fille d’une femme qui a été avec Sergeï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a payé 5,2 millions d’euros en cash à 21 ans, pour l’un de ces luxueux appartements", s'insurge cet habitant du nord de Kensington. La guerre en Ukraine éveille les consciences dans ce quartier très huppé du sud-ouest de Londres où des proches du Kremlin détiennent de somptueux appartements.
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Joe Powell lutte contre l’argent sale depuis des années et dénonce des fortunes qui transitent par des paradis fiscaux et prennent donc corps dans le quartier dans des résidences à des tarifs exorbitants. Il vient de créer un collectif pour encourager les riverains à saisir les élus locaux et leur député. Ces fonds obscurs ne viennent pas seulement de Russie mais aussi du Kazakhstan, du Golfe, de toute la planète. Avec pour conséquence, un marché immobilier complètement déséquilibré en plein coeur de Londres : "C’est l’une des parties les plus riches de Londres et même du monde, explique Joe Powell. Mais c’est aussi l’endroit le plus inégal de la ville."
"Nous avons quatre des dix rues les plus chères d’Angleterre et un quart des enfants qui grandissent dans la pauvreté."
Joe Powellà franceinfo
Oliver Bullough connaît bien ces mécanismes financiers douteux pour les avoir décrits dans plusieurs livres. Il salue cette initiative citoyenne sans se faire trop d’illusions : "Résoudre le problème demande un changement de système. Ça va prendre du temps. On peut maintenir la pression mais les individus sont impuissants, malheureusement."
Dans son projet de loi décidé à la hâte au début de la guerre en Ukraine, le gouvernement a introduit une nouvelle règle qui réjouit ces défenseurs de la transparence financière. Désormais, un propriétaire immobilier doit clairement être identifié et cette information doit être publique. Il ne pourra plus se cacher derrière une société basée dans un paradis fiscal. Un pas important mais insuffisant pour Joe Powell. Dans le quartier de Kensington, 3 000 familles attendent un logement social au milieu de ces palaces vendus des millions, achetés avec de l’argent sale et dont certains ne sont jamais occupés.
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