Guerre en Ukraine : à Irpin, les forces russes reculent, mais "le danger reste permanent", confie un ambulancier français sur place
Si la Russie a promis de réduire "radicalement" ses activités militaires autour de Kiev, ce mardi, lors de pourparlers avec l'Ukraine, sur place, la tension reste toujours palpable.
C'était un sentiment qu'avaient déjà les habitants d'Irpin, considéré comme un "verrou" pour protéger la capitale Kiev d'une offensive, sans trop y croire, depuis quelques jours. Ce mardi 29 mars, la Russie l'a confirmé : le Kremlin a annoncé réduire "radicalement" son activité militaire dans les régions de Kiev et Tcherniguiv en Ukraine.
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Lors de pourparlers russo-ukrainiens "substantiels" à Istanbul, le vice-ministre russe de la Défense, Alexandre Fomine, a ainsi indiqué, un mois après le début de l'offensive russe, que "Les négociations sur un accord sur la neutralité et le statut non-nucléaire de l'Ukraine entrant dans une dimension pratique (...), il a été décidé, pour accroître la confiance, de réduire radicalement l'activité militaire en direction de Kiev et Tcherniguiv". Le chef de la délégation russe et représentant du Kremlin, Vladimir Medinski, a, lui, indiqué que les propositions "claires" de l'Ukraine en vue d'un accord allaient être "étudiées très prochainement et soumises au président" Vladimir Poutine.
Malgré ces annonces d'apaisement, les forces ukrainiennes restent sur le qui-vive : d'après les militaires qui montent en formation commando dans des véhicules pour partir à Irpin et que franceinfo a pu rencontrer ce mardi 29 mars, la pression des Russes est toujours très forte. La menace reste présente : les forces envoyées par le Kremlin sont dans Boutcha et Hostomel, des villes voisines au Nord.
La route qui permet d'accéder à l'entrée d'Irpin est très rapidement sous la menace des obus. Au pied des immeubles qui servent de base arrière à un commando ukrainien, on voit les ambulances partir une à une. Dans l'une d'elle, Nicolas Bourbouze. Ce Français, bien qu'il ne parle pas ukrainien, conduit un engin de secours sur cette portion. Il va jusqu'au pont de la ville, détruit volontairement pour empêcher les chars russes d'entrer. Il a fondé "Maison du sauvetage", une association de secourisme.
"Les Russes visent tout le monde"
Il estime que la pression reste toujours forte dans le secteur : "Je vais jusqu'au pont et je récupère soit les civils, soit des blessés... C'est un danger permanent, parce que ça tire des obus sur la route. Au niveau du pont, il y a un petit parking sur la droite où on peut se mettre un tout petit peu à l'abri. Mais comme hier, par exemple, il y a eu un gros tir d'artillerie avec du gros calibre. On a été soufflé même là où on était. Ils visent tout le monde. Ce n'est pas parce qu'il y a une ambulance qu'on ne risque pas de se faire tirer dessus", explique-t-il sur franceinfo.
Derrière le pont, ce sont des volontaires ukrainiens qui conduisent des voitures pour tenter d'extraire les derniers habitants qui restent retranchés. Andreï explique qu'il passe par Saborna, la route principale, avec différents véhicules. Et, selon lui aussi, le danger est permanent, même si les Ukrainiens ont progressé. "C'est dangereux parce qu'il y a beaucoup de mines, vous savez, mais on doit récupérer les gens qui sont sous terre. Il y a des explosions partout", soupire-t-il.
"Presque tous ceux qui veulent quitter Irpin sont partis. Le mieux, pour les gens d'Irpin, aujourd'hui, si possible, c'est de partir"
Andreïà franceinfo
Avec son couteau sur son gilet pare-balles vert forêt, un soldat ukrainien explique aussi que son armée tente maintenant de consolider la ligne de front dans les bâtiments ou dans des tranchées. Malgré les récentes annonces, il se méfie et soupçonne les Russes de se préparer pour avancer. Pour lui, la libération annoncée d'Irpin est donc encore fragile, pour ne pas dire instable.
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