Emmanuel Macron en Ukraine : "Si l'Europe reste diplomatique, on va perdre", estime une réfugiée ukrainienne en France
Pour Irina Sergeeva, une professeure de français de Kharkiv réfugiée en France, l'urgence est d'obtenir "des armes" pas des pourparlers.
"La Russie comprend uniquement la force et la peur", assure jeudi 16 juin sur franceinfo Irina Sergeeva, professeure de français à Kharkiv et réfugiée en France avec sa famille. Emmanuel Macron est arrivé à Kiev jeudi matin. Il s'est rendu à Irpin, une ville en banlieue de Kiev, accompagné du président roumain, Klaus Iohannis, du chancelier allemand, Olaf Scholz, et du chef du gouvernement italien, Mario Draghi. Le quatuor européen a découvert une ville dévastée.
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"Après avoir vu tout ce que les Russes ont fait sur le territoire ukrainien, ils pourront changer d'avis et arrêter d'essayer de convaincre l'Ukraine de se mettre à la table de pourparlers", a-t-elle estimé. Pour elle, l'urgence est d'obtenir "des armes", car "on n'a pas de quoi répondre", dit-elle
franceinfo : De France, comment réagissez-vous à la visite de ce quatuor européen ?
Irina Sergeeva : C'est important qu'ils soient venus et qu'ils soient allés voir Irpin. Peut-être qu'après avoir vu tout ce que les Russes ont fait sur le territoire ukrainien, ils pourront changer d'avis et arrêter d'essayer de convaincre l'Ukraine de se mettre à la table de pourparlers et de plier sous les exigences russes.
Qu'est-ce qui est selon vous le plus urgent ? Une candidature à l'Union européenne ou des armes ?
Il me semble que la candidature de l'Ukraine à l'Europe est une chose peu probable dans l'espace du temps court. Je ne suis pas très optimiste. Mais les armes, oui. Je suis de Kharkiv qui est actuellement frappée de trois points : du territoire russe, des territoires occupés et aussi de longue distance. On voit nettement que la ville est toujours frappée. La situation s'aggrave chaque jour. Donc, c'est vraiment un manque d'armes dans l'armée ukrainienne. Kharkiv, c'est 40 km de la frontière russe. Je ne sais pas quand je pourrais revenir avec ma fille de 2 ans et ma maman. Le grand quartier de 400 000 habitants, 10 fois Bourg-en-Bresse, est complètement démoli. Un tiers des écoles est démoli. Chaque jour, ils essayent de viser les gazoducs, les infrastructures critiques. On n'a pas de quoi répondre.
Quel geste attendez-vous d'Emmanuel Macron ?
Je voudrais bien qu'après avoir vu ce qui y est passé à Irpin, qu'ils comprennent que la Russie ne comprend qu'un seul langage, c'est le langage de la force. Et malheureusement, dans la région frontalière qu'est Kharkiv, on le comprend trop bien.
"La Russie comprend uniquement la force et aussi, la peur."
Irina Sergeeva, professeure de français réfugiée en Franceà franceinfo
Si l'Europe reste diplomatique, dans le sens d'un compromis, on va perdre. C'est le sang ukrainien qui va couler encore et encore. Les gens souffrent et la vraie catastrophe humanitaire continue de se développer. Les gens sont enterrés sous les arbres en pleine ville. J'espère qu'après avoir vu tout ça, ce sera plus facile de comprendre que ce n'est pas le bon discours pour la Russie. La peur et la force, la seule chose qu'ils comprennent. Tout ce qui est civilisationnel, c'est perçu comme de la faiblesse.
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