Crise en Ukraine : Vladimir Poutine "cherche une porte de sortie désespérément", estime l'ex-ambassadeur Michel Duclos
L'ancien ambassadeur français en Russie Michel Duclos estime que "la haine" de Vladimir Poutine envers l'Europe et les Etats-Unis est "disproportionnée" et "en décalage avec la réalité".
Michel Duclos, ancien ambassadeur et conseiller spécial de l’Institut Montaigne, estime ce lundi soir sur franceinfo que Vladimir Poutine "cherche une porte de sortie désespérément, et constate que l'opération qu'il avait montée ne fonctionne pas comme prévu", après la reconnaissance de l'indépendance des régions séparatistes de l'Ukraine par le Kremlin.
franceinfo : On est dans le retour d'une logique de guerre froide?
Michel Duclos : Tout à fait, avec un élément de passion ou de ressentiment, de haine même, qui en réalité n'existait pas à l'époque de la guerre froide. C'était une confrontation un peu un peu aseptisée, objective, tandis qu'il y a là un élément personnel presque incroyable, même par rapport au Poutine qu'on a connu il y a quelques années.
Qu'est-ce qui a changé chez Vladimir Poutine selon vous ?
Je vois le ressentiment qui s'est emparé totalement du personnage, ce sentiment d'humiliation qu'il met en avant de façon presque forcenée et qui tranche d'autant plus avec les réalités que, depuis un certain nombre d'années, l'humiliation a changé de camp. Ce sont les Russes qui infligent des défaites désormais aux Américains et aux Occidentaux. En tant que Français, on doit se souvenir de ce que les Russes sont en train de faire contre nos intérêts au Mali, en Syrie. Même si on peut comprendre que, dans les années 90, il ait pu être dépité de la façon dont il était traité, même s'il a eu le sentiment de ne pas avoir connu un statut de parité avec les Etats-Unis, la haine qui se déverse dans ce discours est non seulement disproportionnée, mais en décalage avec la réalité.
Avez-vous le sentiment que tout a été orchestré ?
La manoeuvre de ces dernières semaines, qui a commencé quand même à la mi-décembre, était orchestrée. Est-ce que ça n'a pas échappé au contrôle du chef d'orchestre ? C'est la question qu'on peut se poser. Il est possible que Poutine n'ait pas anticipé la façon dont les Occidentaux ont réagi, de façon relativement unie, le camp occidental a fait preuve de cohésion. Ensuite, la tactique de l'administration Biden de rendre public immédiatement toutes les informations sur les troupes qui étaient amassées, les manœuvres menées, les opérations truquées qui étaient montées, tout ça a pu désarçonner le chef du Kremlin. Peut-être que depuis quelques jours, on a en face de nous un personnage qui cherche une porte de sortie désespérément, et constate que l'opération qu'il avait montée ne fonctionne pas comme prévu.
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