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Commémorations du 9 mai 1945 : dans l'Est de l'Ukraine, malgré la guerre, certains veulent célébrer la "date sainte"

À Dnipro, le défilé de ce lundi célébrant la victoire soviétique sur l'Allemagne nazie, en 1945, a été annulé par peur de bombardements russes. De nombreux habitants ont donc décidé de célébrer la fin de la Seconde Guerre Mondiale la veille, dimanche. 

Article rédigé par Mathilde Dehimi - Eric Audra
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Une cérémonie de commémoration de la victoire soviétique de 1945, le 8 mai 2022 à Dnipro (Ukraine). (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)

La cérémonie est très discrète, sans public. Personne ne réagit quand sonne, de nouveau, l'alerte aérienne ce dimanche 8 mai à Dnipro, près de Zaporijia, dans le l'Est de l'Ukraine. Mikhaïl, l'adjoint du commandant militaire local, assume d'être là 24h avant les célébrations de la victoire soviétique de 1945 : "Pour moi, le peuple ukrainien ne reviendra pas sur le 9 mai, c’est une date soviétique. Mais il faudra sûrement une période de transition pour les personnes âgées et notamment les vétérans".

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L'habituel défilé est annulé à Dnipro, par crainte de nouveaux bombardements russes. Les autorités déconseillent de se rendre sur les monuments. De nombreux Ukrainiens décident toutefois de célébrer la fin de la Seconde Guerre mondiale. Lyra avait 9 ans en 1945 : "Dnipro a beaucoup souffert, il y a eu des combats intenses. On va commémorer ça en famille, car c’est une date sainte".

"Pour nous, c'est une tragédie"

Le musée de la guerre de Dnipro est fermé depuis le début de la guerre mais les chars soviétiques sont toujours exposés dans le parc. "C’est impossible de célébrer le massacre de six millions d’Ukrainiens en 1945, pour nous, c’est une tragédie, explique Vitaly, historien, aux envoyés spéciaux de franceinfo sur place. Comment peut-on parler d’héroïsme ? Poutine s’en sert pour mobiliser pour sa nouvelle guerre d’invasion".

 

Gennady, un autre habitant de Dnipro, craint, lui, que le monument soit aujourd'hui une cible potentielle des soldats russes : "J’ai peur, bien sûr, mais comme tout le monde, je garde espoir". Il observe le vieux char et sourit : "Je réalise que son canon est du mauvais côté, il faut le tourner par-là pour viser les soldats russes".

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