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Augmenter la fiscalité contre la hausse du prix du gaz ? : "Beaucoup de communes l'envisagent", prévient le président de l’Association des petites villes de France

 Pour les communes qui n'arrivent pas à faire face à l'augmentation du prix des énergies, Christophe Bouillon appelle mardi sur franceinfo le gouvernement à mettre en place "un bouclier énergie" et "un blocage des prix du gaz".

Article rédigé par franceinfo
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Confrontée à la hausse du prix du gaz, de nombreuses communes pourraient répercuter ce surcoût sur leur fiscalité. (GERARD HOUIN / MAXPPP)

Christophe Bouillon, président de l’Association des petites villes de France (APVF) et maire de Barentin (Seine-Maritime) a appelé mardi 29 mars sur franceinfo le gouvernement à mettre en place "un bouclier énergie" et "un blocage des prix du gaz" pour les communes qui n'arrivent pas à faire face à l'augmentation du prix des énergies. Alors que GRDF, le gestionnaire du réseau français, se prépare à un scénario catastrophe au cas où Vladimir Poutine envisagerait de ne plus alimenter en gaz l'Europe, Christophe Bouillon estime que l'augmentation de la fiscalité pourrait être un recours pour les maires.

franceinfo : Les communes de France souffrent-elles de l'augmentation du prix du gaz ?

Christophe Bouillon : Cela a un impact très important. On a aujourd'hui à vivre, à subir des hausses d'énergie qui sont vertigineuses et qui amènent les collectivités locales, les communes, à prendre des décisions parfois lourdes de conséquences : ici, le fait d'éteindre le chauffage dans des écoles, là, la fermeture d'équipements publics. J'ai l'exemple en tête de communes qui ferment par exemple leur piscine ou encore l'abandon d'un certain nombre de services à la population, par exemple le ramassage scolaire. Concrètement, le gaz dans nos communes, on ne peut pas s'en passer du jour au lendemain. Cela sert à chauffer nos bâtiments. Cela sert pour la restauration scolaire. Cela sert aussi pour un certain nombre de nos véhicules.

Envisagez-vous une hausse de la fiscalité ?

Beaucoup de communes l'envisagent sérieusement. Ce n'est pas une bonne nouvelle parce que ça pénalise aussi bien évidemment les habitants, mais elles n'ont pas forcément le choix. Il faut bien comprendre que cela va durer. Ces contraintes qui pèsent en termes de prix de l'énergie sans doute vont durer plusieurs mois, voire un peu plus. C'est même structurel, aux dires des spécialistes. C'est aujourd'hui que les communes votent leur budget. Elles doivent prendre des décisions lourdes en ayant un peu d'incertitude. Quand elles doivent prendre des mesures qui sont des recherches d'économies plus fortes, par exemple par la rénovation thermique. Cela veut dire quand même qu'il faut engager des dépenses avant de trouver des économies. Il n'y a pas beaucoup de leviers possibles. Vous avez soit l'augmentation de la fiscalité, soit vous renoncez à des investissements, soit vous supprimez des services que vous rendez à la population. Dans tous les cas de figure, au bout du bout, c'est quand même les habitants qui en subissent les effets.

Que demandez-vous au gouvernement ?

Dans le cadre du plan de résilience, il y a un grand manque quand c'est la commune. On parle pour les particuliers de mesures, elles sont mises sur la table. On parle pour les entreprises de mesures d'accompagnement, elles existent, mais rien, vraiment rien pour les collectivités. Je trouve que c'est un peu dommage. On demande un "bouclier énergie". En gros, une "dotation énergie" pour accompagner justement les travaux de rénovation thermique pour les bâtiments. On demande aussi un blocage des prix du gaz et on demande à ce qu'on ait des garanties sur les marchés qui parfois durent maximum 2-3 ans pour les collectivités. Aujourd'hui, il y a des communes qui sont à la peine pour trouver des fournisseurs qui acceptent de répondre à des marchés qu'ils lancent. C'est vraiment l'urgence absolue pour beaucoup de collectivités. Je rappelle qu'il y a plus de 30 000 communes en France, que c'est le premier investisseur public.

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