Cet article date de plus de douze ans.

Manifestation record à Moscou contre les fraudes électorales et le pouvoir

Entre 30.000 et 200.000 Moscovites (selon les sources) manifestaient aujourd'hui contre les fraudes électorales aux législatives du 4 décembre dernier. Du Parti communiste russe aux nationalistes en passant par les libéraux, toute l'opposition était réunie.
Article rédigé par Pierre Breteau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Denis Siniakov Reuters)

"Pouvoir au peuple" ou "Russie sans Poutine" chantent les manifestants tout le long de l'avenue Sakharov. Par quatre degrés en dessous de zéro, l'opposition démocratique au Kremlin défile, elle conteste le résultat des élections législatives russes du début du mois de décembre. Des élections entâchées de larges fraudes qui ont permis au parti de Vladimir Poutine de remporter la majorité absolue à la Douma, le parlement russe.

Les représentants des différentes tendances de l'opposition se succèdent à la tribune, sur le modèle de la  manifestation du 10 décembre dernier. Le blogueur Alexei Navalni, tout juste sorti de prison après deux semaines pour avoir organisé une manifestation "non-autorisée" , prend part aux discours : " [Les oligarques au pouvoir] ont volé nos votes, qu'ils nous les rendent ou nous les reprendrons nous mêmes" et d'annoncer un million de manifestants pour la prochaine mobilisation. Parmi les personnalités qui défilent au micro, Garri Kasparov — ancien champion d'échec —  prend la parole pour assurer qu'il "voit un printemps politique l'an prochain" avant les présidentielles du 4 mars 2012.

"Nous avons assez de monde ici pour prendre le Kremlin" — Alexei Navalni

Face aux dizaines de milliers de manifestants pacifiques passent aussi d'autres célébrités russes, en particulier Alexei Koudrine. L'ancien ministre des Finances (pendant dix ans) demande lui aussi de nouvelles élections sans quoi "la Russie risque une révolution" et perdrait "la chance d'un changement pacifique" . Il avait démissionné en septembre au moment de l'annonce de la candidatude à la présidentielle du Premier ministre Vladimir Poutine.

Ces derniers jours, Mikhaïl Gorbatchev avait fustigé l'attitude du pouvoir russe. L'ancien Premier secrétaire du parti communiste soviétique avait dit "sa honte" cette semaine. Le père de la perestroïka et de la glasnost n'a pas pu se déplacer en raison de son état de santé mais a appelé le Kremlin à "reconnaître qu'il y a eu beaucoup de falsifications et de manipulations" . De son côté, le toujours-Premier ministre dénonce un "schéma bien organisé de déstabilisation d'une société" pour le compte de l'Occident.

Les manifestations organisées partout dans le pays depuis les élections du 4 décembre sont les plus importantes depuis la fin de l'Union soviétique il y a vingt ans. Selon la radio indépendante Echo de Moscou, le défilé de ce samedi aurait été bien plus important que celui du 10 décembre dernier.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.