Cet article date de plus de douze ans.

Les tendances autoritaires de Viktor Orban

Depuis son arrivée au pouvoir en mai 2010, le gouvernement conservateur du premier ministre Viktor Orban mène une politique contestée, mélange d’autoritarisme, de nationalisme et de protectionnisme. L’opposition de gauche parle de la mise en place d’une «dictature». De son côté, l’UE s’inquiète.
Article rédigé par Laurent Ribadeau Dumas
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le premier ministre hongrois, Viktor Orban (9-12-2011) (AFP - JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN )

Visiblement, la Hongrie a connu des jours meilleurs. «Le pays a tendance à se refermer sur lui-même. L’ambiance générale se détériore, la situation économique n’est pas bonne»,  constate le journaliste français Corentin Léotard, co-rédacteur en chef de Hu-lala, site francophone sur la Hongrie.

Le pouvoir est en train d’enfoncer «les derniers clous dans le cercueil de la démocratie», estime le parti vert LMP. Une allusion au texte que le parti Fidesz de Viktor Orban s’apprête à voter au Parlement grâce à sa majorité des deux-tiers. Le gouvernement pourra ainsi faire voter une loi en deux jours…

En un an et demi, le gouvernement s’est efforcé de «prendre le contrôle des institutions indépendantes une par une», constatait déjà il y a un an l’hebdomadaire « The Economist ». Un seul organisme chapeaute désormais l’appareil judiciaire. Et le président de cet organisme, désigné par le Parlement, nomme seul les juges.

Une nouvelle loi sur la presse, qualifiée de «liberticide» par ses détracteurs, a fait couler beaucoup d’encre au printemps 2011. Les médias, contraints de fournir une information «équilibrée», devaient être contrôlés par une nouvelle autorité composée uniquement de représentants du Fidesz. Mais la Cour constitutionnelle hongroise a rejeté les prérogatives de ce dernier.

Le gouvernement Orban a aussi réduit l’indépendance de la Banque centrale hongroise. Conséquence : «préoccupés» par ces décisions, la Commission européenne et le FMI ont décidé d’interrompre le 16 décembre une mission à Budapest. Celle-ci était venue pour discuter l’octroi d’un prêt de 5 à 10 milliards d’euros à la Hongrie.

Nationalisme
Dans le même temps, le gouvernement mène une politique très nationaliste. La nouvelle Constitution fait référence à la «Hongrie millénaire» et aux importantes minorités hongroises dans les pays voisins (en tout 500.000 personnes). Le Parlement a par ailleurs voté une loi autorisant ces minorités à demander la nationalité hongroise, suscitant les inquiétudes de la Slovaquie.

Une manière pour Viktor Orban de couper l’herbe sous le pied à l’extrême droite? Le parti Jobbik, violemment anti-roms, a obtenu près de 17 % des voix lors des dernières élections. Une milice paramilitaire, la Garde hongroise, est étroitement liée à ce mouvement.

Pour autant, avec l’aggravation de la crise économique, les vents contraires commencent à souffler contre Viktor Orban. Celui-ci «avait conclu avec ses électeurs une sorte de deal tacite qui est en train de se fissurer. Il leur avait promis de meilleures conditions de vie à condition qu’ils acceptent un virage autoritaire. Mais il n’arrive pas à tenir ses promesses», estime Corentin Léotard. Conséquence, le premier ministre est en chute libre dans les sondages : selon ces enquêtes, il a perdu la moitié de sa base électorale. Les mêmes enquêtes affirment que Jobbik se retrouve désormais second derrière le Fidesz, à égalité avec la gauche socialiste.

Dans ce contexte, ce dernier pourrait être tenté de convoquer des élections anticipées. «Dans l’état actuel des choses, il est en mesure de se faire réélire», pense le journaliste français. Surtout que le Parlement est en train de réformer la loi électorale pour redécouper les circonscriptions dans un sens plus favorable au Fidesz…

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.