Les Russes rendent un dernier hommage à Soljenitsyne

Ils viennent, l'un après l'autre, s'incliner devant le cercueil. Des centaines de Russes, âgés pour la plupart, ont commencé à rendre hommage, ce matin, à leur illustre compatriote. Devant le corps, exposé au public à l'Académie des Sciences, reposent des fleurs et un grand portrait en noir et blanc d'Alexandre Soljenistyne.

Aux côtés des anonymes, des personnalités. Ainsi, le Premier ministre Vladimir Poutine est venu s'incliner devant la dépouille, un bouquet de roses rouges à la main, comme l'ont montré des images retransmises en direct à la télévision russe.

Après cette cérémonie d'adieu, auront lieu demain les funérailles religieuses du Prix Nobel de littérature. Elles se dérouleront au monastère Donskoï, à Moscou. Soljenitsyne sera inhumé le jour même dans sa propriété, conformément à sa volonté.

"Humaniste, effrayant, insociable"

Du monde entier, les hommages continuent d'affluer. La secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, a ainsi salué l'"une des voix les plus importantes du XXe siècle".
_ Tandis que la presse russe consacre une grande partie de ses pages, aujourd'hui, à l'écrivain, saluant le décès d'"un prophète", d'un homme "humaniste, prophétisant, effrayant, insociable, tantôt génial, tantôt naïf", comme l'écrit le journal Kommersant.

En France, aussi, responsables politiques et intellectuels ont évoqué le rôle déterminant joué par Soljenitsyne dans la lutte contre le système soviétique. Ce qui n'empêche pas le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon de rappeler que l'écrivain n'a pas été le seul à dénoncer le totalitarisme stalinien : "L'apologie de Soljenitsyne, grand penseur de la démocratie contre la stalinisme, me fait mal au coeur parce que je pense à tous ces malheureux qui, eux, dès la première heure, ont mené leur lutte sans être gavés d'honneurs, de colifichets dorés, de résidences, de protections de toutes sortes comme l'était Soljenitsyne au seul motif qu'il était de droite".