Les nouvelles bases arrières d'ETA
Les dernières planques d'armes et d'explosifs mises au jour étaient localisées dans l'Hérault, dans un rayon d'une soixantaine de kilomètres... et à plus de 400 km de la base historique d'ETA. Les dernières arrestations ont eu lieu encore plus loin, en Savoie. Depuis quelques années, l'organisation cherche à s'éloigner de sa base, pour brouiller les pistes...
Historiquement, les membres d'ETA se sont installés au Pays basque français, rappelle Jean Chalvidant, spécialiste de l’organisation. "Ce qui était pratique pour passer la frontière, commettre un attentat et revenir dare-dare sur leur base arrière". En 1983, un revirement idéologique se produit après les accords entre François Mitterrand et Felipe Gonzalez: "la France ne considère plus les étarras comme des patriotes ou des résistants (selon l'expression de Gaston Defferre) mais comme des terroristes". Ordre est donc donné de les pourchasser.
Le Pays basque français est scruté à la loupe, trois chefs d'ETA (Txelis, Pakito et Fiti) sont arrêtés. Les étarras reçoivent l'ordre de se disséminer et sont repérés dans la région de Tarbes, dans le haut Sud-Ouest, puis à Saintes, Limoges, dans la Creuse, le Cher... Le massif central, et plus largement la région Centre, devient leur nouvelle planque. S'éloigner des services spécialisés, s'installer au vert, au calme, à plusieurs centaines de kilomètres du théâtre de leurs opérations, c'est le nouveau crédo. La seule chose qu'ils ont à craindre, "c'est un contrôle routinier de gendarmerie", souligne Jean Chalvidant.
En 2007, après une trêve de 15 mois et des négociations avortées avec le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, ETA reprend ses attentats. Le Premier ministre espagnol promet alors à l'organisation qu'elle sera "défaite par l'action des forces de l'ordre et de la justice". De chaque côté des Pyrénées, la collaboration policière reprend. La traque aussi. Les etarras, harcelés dans le sud-ouest et jusque dans le massif central, se replient dans le Dauphiné et les Alpes du Nord.
Et pas seulement pour profiter de l'air de la montage. Selon le quotidien Le Dauphiné, l'organisation terroriste se tournerait vers d'autres types d'explosifs, plus discrets que la nitroglycérine ou le plastic. "La Maurienne est la première région productrice de poudre d'aluminium en France. Alliée notamment à un engrais à base d'ammonitrate, c'est un explosif redoutable" écrit le quotidien.
Pire: à en croire un membre du parti des Verts jurassiens, cette installation en Rhône Alpes serait le premier pas vers un redéploiement en Suisse. Dans une tribune publiée par le quotidien helvétique Le Temps en juin dernier, Noël Pedreira dénonçait le lobbying exercé par la branche politique d’ETA dans les couloirs du Palais fédéral. Sa principale crainte: "qu'à moyen terme Batasuna et par ricochet l’organisation terroriste basque ETA, n’utilisent le territoire suisse comme base arrière de leurs activités".
Anne Jocteur Monrozier
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