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Les journalistes italiens en grève contre la "loi bâillon" de Berlusconi

Pas d'information aujourd'hui en Italie : radios, télévisions et journaux sont en grève. A l'heure où les enregistrements audio de l'affaire Bettencourt créent la polémique en France, les journalistes et les éditeurs italiens protestent contre un projet de loi du gouvernement Berlusconi qui vise à limiter les écoutes téléphoniques et leur publication.
Article rédigé par franceinfo
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Bras croisés pour les journalistes italiens : la Fédération nationale de la presse (FNSI) appelle à une "journée du silence", une journée symbolique pour montrer "tous les silences que la loi imposerait".

Ce projet de loi, adopté au Sénat le 10 juin, prévoit jusqu'à deux ans de prison et une amende pouvant atteindre 464.700 euros pour les éditeurs de journaux et médias audiovisuels qui diffuseraient des écoutes ou des enregistrements audio et vidéo pendant une enquête judiciaire. Silvio Berlusconi défend son texte au nom du respect de la vie privée et des droits de la défense.

Empêcher la divulgation d'informations embarrassantes

Pour l'opposition et les journalistes, il s'agit d'une tentative d'empêcher la divulgation d'informations embarrassantes pour les hommes politiques, et en particulier le président du Conseil. Dans un pays comme l'Italie où le taux de corruption est très élevé, cela ferait beaucoup d'affaires qui passeraient sous silence.
_ Le projet de loi a d'ailleurs vu le jour, soulignent-ils, juste après que la presse eut révélé une affaire de corruption dans laquelle le gouvernement Berlusconi est impliqué. Franco Siddi, le secrétaire général de la FNSI, explique que "l’objectif explicite de cette loi bâillon est de ne pas protéger les faibles des abus mais de protéger les plus puissants des crimes qu’ils commettent parfois".

Une journée de grève suivie par la quasi totalité de la profession. En effet, depuis 7 heures ce matin, les fils des agences d'information sont muets et les sites internet des quotidiens ne sont plus actualisés. Sur les chaînes d'information en continu, presqu'uniquement des programmes pré-enregistrés.

La quasi-totalité des journaux sont absents des kiosques, à l'exception d'Il Giornale, quotidien appartenant à la famille Berlusconi. Dans une vidéo postée sur le site, son directeur, Vittorio Feltri, explique lui aussi "ne pas être satisfait de la loi-bâillon" mais juge "erroné de se mettre le bâillon tout seul et de se priver du seul moyen qui nous permet de nous tourner vers les lecteurs".

Pour le FNSI, syndicat des journalistes italiens, cette loi va "sévèrement limiter le droit des citoyens à connaître le déroulement des enquêtes judiciaires et imposer des limites graves à la libre circulation de l'information". A travers cette "journée du silence", les journalistes souhaitent ainsi démontrer qu'il ne s'agit pas d'une grève corporatiste mais qu'ils se battent pour la liberté d'information des citoyens italiens.

Le 1er juillet dernier, plusieurs milliers de manifestants étaient descendus dans la rue pour revendiquer le droit d'une presse sans censure.

La mobilisation commence à porter ses fruits. La majorité qui exigeait l'adoption définitive de la loi par les députés, avant les vacances d'été, serait maintenant prête à des modifications et devra probablement attendre la rentrée. Le texte aurait probablement eu du mal à passer dans un tel climat.

Marianne Simon

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