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Les députés européens résistent au lobbying de Philip Morris

Le Parlement européen a dit NON à la prolongation d'un accord entre l'Union européenne et les industriels du tabac. Les députés européens se sont affranchis du poids des lobbies et ont, par ce vote, coupé les liens avec les entreprises de cigarettiers.
Article rédigé par Christine Boos
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Photo PE)

Conclu en 2004, cet accord formalisait la collaboration de Philip Morris et des autorités européennes en matière de lutte contre la contrebande de cigarettes. En échange de l'abandon de poursuites à leur encontre, les cigarettiers ont versé pendant 12 ans , 2,15 milliards d'euros à l'UE et aux Etats membres. Les fabricants s'étaient par ailleurs engagés à combattre activement le trafic et la contrefaçon de produits du tabac.    

Aujourd'hui, le bilan s'avère très mitigé, les saisies de cigarettes de contrebande du groupe Philip Morris ont certes baissé de 85% à travers l'Union européenne. Mais par ailleurs, le marché illégal du tabac est inondé par des cigarettes à bas coût, fabriquées en dehors de l'UE. Résultat: 10 milliards d'euros perdus en recettes fiscales.

L'eurodéputé Vert, José Bové, à l'initiative de la résolution adoptée, revient sur le contexte de l'affaire.


Prolonger l'accord avec Philip Morris c'est comme «confier la lutte contre la criminalité à Al Capone», selon José Bové
Par ce vote, les députés européens ont également dénoncé un conflit d'intérêts car l'Office européen de lutte antifraude(OLAF) est en partie financé par les versements provenant du secteur du tabac, conformément à cet accord. De plus, l'Union européenne s'est dotée en 2014, d'une nouvelle directive anti-tabac très contraignante pour les cigarettiers qui ont porté plainte devant la Cour européenne de justice du Luxembourg ...

Bref, pour des raisons à la fois éthiques et de santé publique, il devenait impossible de renouveler cet accord, comme nous l'explique l'eurodéputé du Parti Populaire Européen (PPE), Philippe Juvin, pour une fois sur la même longueur d'ondes que José Bové.


 
La balle est à présent dans le camp de la Commission européenne. Mais aller à l'encontre d'un tel vote semble compliqué. 

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