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Législatives espagnoles : les élections du changement ?

Les électeurs espagnols sont appelés à élire leurs députés ce dimanche. Pour la première fois deux nouveaux partis défient le traditionnel bipartisme espagnol.
Article rédigé par Elise Delève
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (Le parti du gouvernement conservateur sortant, Mariano Rajoy, est donné gagnant dans les sondages © Daniel Ochoa de Olza/AP/SIPA)

4,5 millions d’électeurs sont appelés à élire leurs députés et on saura ce soir s'ils choisissent le changement ou la tradition. Pour la première fois depuis la fin du franquisme il y a plus de deux partis. Jusque-là,  la scène politique se partageait entre le parti conservateur (PP), et le parti socialiste (PSOE). Aujourd’hui elle se divise en quatre : en plus des partis traditionnels il faut compter sur l’extrême gauche Podemos et le centre-droit Ciudadanos.

Législatives espagnoles : les élections du changement ? - le reportage d'Elise Delève

 

Pour Rafa, électeur de gauche, l’Espagne en avait besoin. "*Je ne sais pas si le bipartisme est mort, mais il DOIT mourir. La société espagnole ne peut pas se réduire à deux partis. Elle est bien plus diverse. On n’est pas comme aux Etats-Unis ou il n’y a que Républicains et Démocrates. Il y a plus d’options ici".

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Podemos, "le changement est possible"

 

Podemos est du mouvement des Indignés, il y a deux ans. Son leader charismatique, Pablo Iglesias a attiré toute l’attention des médias depuis la création du parti. Un parti anti-austérité, anti-libéral qui a réussi à capitaliser sur la colère et l’envie de changement d’une Espagne en crise depuis six ans. Guillermo a envie d’y croire. "Je suis de gauche, mais le Parti socialiste me semble vieux. Podemos a des idées nouvelles, ils ont l’air proche des gens. On  verra bien ! Je voterai pour Podemos une fois et si je suis déçu, je ne revoterai pas pour eux".

 

Podemos a fait une campagne humaine et pleine "d’émotions" analyse un politologue de Madrid. Son leader Pablo Iglésias espère créer la surprise comme aux élections du mois de mai où Podemos a raflé les mairies de Barcelone et Madrid. On verra ce soir si les électeurs continueront de lui faire confiance.

 

Ciudadanos, un nouveau parti sur la scène politique

 

Le deuxième parti émergent, c’est le centre-droit Ciudadanos. Certains disent que c’est "le centre qui manquait à l’Espagne ". Comme Podemos il a utilisé à outrance le thème du "changement". Le bipartisme "est mort" affirme Sofia Miranda, candidate Ciudadanos à la chambre des députés. Elle dit que son parti n’a pas d’objectif en termes de pourcentage de voix. "Le principal objectif est de montrer que le changement est en marche et il n’y a pas de recul possible. Les choses ne peuvent pas continuer comme ça. Nous voulons faire une réforme générale de l’Etat, et tout d’abord une réforme de la Constitution. Il s’est passé beaucoup de choses ces 40 dernières années et il faut se moderniser".

 

Podemos et Ciudadanos sont crédités de 20% environ chacun. Ivan Serrano, politologue explique pourquoi ils séduisent autant. "*Ciudadanos et Podemos sont des partis émergents. Ils se différencient des partis traditionnels en luttant contre la corruption et contre le bipartisme. Ils reflètent également le désir de changement social qui est en train de se passer en Espagne. Ils ont un électorat plus jeune que le PP et le PS. Pour moi cela met reflète un clivage générationnel".

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Le PP en tête mais sans majorité absolue

 

Et les partis traditionnels justement Elise,  quoi peuvent-ils s’attendre ? Le PS est dans une grande incertitude, il devrait perdre des sièges à la chambre des députés, au profit de Podemos. Quant au Parti populaire de Mariano Rajoy, tous les sondages indiquent qu’il va remporter l’élection mais n’aura pas la majorité absolue. Il devrait être autour de 25% contre 44% en 2011.

 

L’image du PP souffre surtout des affaires de corruption dans lesquelles il est impliqué, mais n’allez pas parler de corruption aux fidèles du parti populaire comme Angel et sa femme, ça les agace. "Tous les partis peuvent-être corrompus", s’insurge Angel, alors que sa femme renchérit : "Et on va voter pour qui ? Pour le parti des bons à rien ? Et ils vont faire quoi ? Augmenter les impôts ? C’est mieux de rester avec les partis qu’on connaît".

 

La question est maintenant de savoir quel sera le niveau d’abstention. Les électeurs sont indécis, un sur quatre ne savait pas pour qui il allait voter avant l’élection. Les politologues expliquent qu’il y a une rupture entre les votants de plus de 40 ans et les autres. Ceux qui sont plus vieux n’ont connu que le bipartisme et auront peut-être tendance à ne pas essayer de nouvelles options. 

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