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L’économiste Anton Brander: «La décision de la BCE est un acte nécessaire»

La BCE a annoncé le 6 septembre 2012 qu’elle allait acheter sans limites les dettes souveraines à court terme des pays européens en crise. Une décision saluée par les marchés. Nous avons demandé à l’économiste Anton Brander de nous expliquer cette décision et ses conséquences.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le président de la BCE, Mario Draghi, le 6 septembre 2012 à Franfort. (JOHANNES EISELE / AFP)

L'annonce faite à Francfort par Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, a été unanimement saluée. Même la chancelière allemande Angela Merkel a reconnu le geste, estimant que «la BCE agit dans le cadre de son indépendance et son statut». Pour Anton Brender*, il s'agit d'un acte nécessaire qui doit cependant être accompagné par des politiques budgétaires adaptées à la crise.

La Banque centrale européenne a annoncé qu’elle allait acheter des titres de dettes publiques sur les marchés. Pourquoi une telle décision ?
Elle veut enrayer la contagion qui fait que, même en dehors de toute logique économique, les obligations de certains états sont attaquées sur les marchés. C’est pour faire cesser cette spirale sur les taux des pays les plus attaqués, que la BCE a pris cette décision.

Contrairement à ses interventions précédentes, la BCE a bien précisé que cette fois-ci son intervention porterait sur des montants illimités, signifiant ainsi aux marchés qu’elle aurait le dernier mot. Lors de ses précédentes opérations sur les marchés pour acheter des titres de dette souveraine, la BCE n’avait jamais parlé d’opérations illimitées, donnant aux marchés les moyens de revenir à l’attaque.

Mais la Banque centrale européenne a bien précisé que ces interventions devaient être conditionnées par la mise en place de politiques économiques et budgétaires. Une conditionnalité qui doit être acceptée par les Etats. Une fois que les Etats ont défini une trajectoire budgétaire avec les autorités européennes, la BCE dit : «J’interviens pour empêcher les taux de monter», alors que le pays suit bien son plan de route.

Y-a-t-il des risques à une telle décision ? Des risques d’inflation par exemple ?
Dans la décision de la BCE, il n’y a pas de risque. Cette mesure ne va certes pas tout résoudre, mais c’est une mesure qu’il fallait prendre. Si certains parlent de risques d’inflation, ils se trompent, d’ailleurs personne n’en parle, à part les journalistes... Le risque n’est pas là.

Cette décision, c’est le minimum nécessaire. Mais cela ne suffit pas. Le risque, c’est que les politiques budgétaires soient trop restrictives. Il faut resserer moins vite, réduire moins vite les déficits.

Quant à un début d’inflation, cela signifierait que l’activité est repartie, ce qui n’est pas le cas. Et la BCE interviendrait immédiatement.

Concrètement comment intervient la BCE ?
Elle achète des obligations sur les marchés. Des obligations espagnoles, par exemple. En faisant cela, elle offre une garantie aux personnes qui achètent directement des titres à l’Etat espagnol. Celui qui a acheté sait ainsi que si son titre est menacé de trop baisser, il peut le vendre à la BCE.

Résultat : lors de l’émission, les acheteurs ont la certitude que les titres ne peuvent pas baisser. Une limite à la dépréciation des titres est ainsi fixée. Si ça baisse trop - ce qui se traduit par une hausse des taux -, la BCE intervient et achète, sécurisant les acheteurs. «Dormez tranquille, je vous les rachète», dit en quelque sorte la BCE aux acheteurs de titres de dette.

Il s’agit de titres à court terme (trois ans). La BCE a indiqué qu’elle les garderait jusqu’à leur échéance. Elle encaisse les intérêts et, lors de l’échéance du titre - puisqu’il est prévu que la Banque centrale ne les remette pas sur le marché -, elle fait même un bénéfice, en recevant la valeur nominale des obligations qu’elle a achetées moins cher.

*Anton Brender est membre du Cercle des économistes, professeur associé à Paris-Dauphine, directeur des études économiques chez Dexia et auteur, notamment, de «La crise des dettes souveraines» avec Florence Pisani et Emile Gagna (Editions La découverte).

Le sujet de France 2 de François Beaudonnet

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