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Le scandale de la location des terres en Hongrie

L'Etat hongrois met en location 100.000 hectares de terres domaniales cultivables. Mais, ce qui se voulait une aide pour les plus petits agriculteurs, tourne au scandale. Les accusations de favoritisme au bénéfice de proches du pouvoir se multiplient. D'autant que la perspective de toucher des aides européennes aiguise les appétits.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
La location des terres publiques hongroises entachée de soupçon de favoritisme. (AFP)

Andras Varadi est un bien modeste éleveur de moutons. Il espérait agrandir ses pâtures d'un demi-hectare. Peine perdue. La parcelle convoitée a été gagnée par le maire du village voisin qui possède 750 hectares. Or, ce village se situe dans le fief du Premier ministre Viktor Orban. Un exemple mis en avant par l'AFP qui illustre les soupçons qui pèsent sur ces locations de terres arables appartenant à l'Etat.

Au départ, l'idée est généreuse. L'Etat met en location une partie de ses terres pour aider les petits exploitants à atteindre une taille convenable pour vivre décemment. Le tout prenant place dans une vaste réforme rurale. 
Mais opposition, écologistes, socialistes et extrême-droite dénoncent des attributions opaques. Les critères ne sont pas respectés ou bien, tellement subjectifs, qu'ils permettent de favoriser les amis. Ainsi, selon l'opposition, 80% des bénéficiaires des appels d'offres sont des soutiens de Viktor Orban. C'est le cas de Lorinc Meszaros dont la société loue 1.250 hectares à l'Etat.
 

Reportage AFP Vidéo, mis en ligne le 21 novembre 2012

Aux accusations de clientélisme s'ajoutent aussi celles de concentration des terres aux mains de quelques uns. Dans le département de Borsod, au nord est du pays, trois propriétaires ont reçu chacun 500 hectares. Les autres, rien. Globalement, 20% des gagnants des appels d'offre ont acquis 80% des terres. Des terres qui ouvrent droit aux aides européennes, un véritable pactole qui aiguise les appétits. Les primes de Bruxelles peuvent atteindre 200 euros par hectare, pour une location de 80 euros. Et durant cinq ans, le revenu n'est pas imposable.
 
Face à ce scandale, le secrétaire d'Etat au développement rural Jozsef Angyan a démissionné en signe de protestation. Les fermiers multiplient les occupations de terres. Or, une nouvelle tranche est prévue. D'ici à 2014, 90.000 hectares vont être offerts à la location.

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