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Le plaidoyer de François Hollande pour un "gouvernement économique" en Europe

Lors du discours d'ouverture de la semaine des ambassadeurs, le chef de l'Etat est longuement revenu mardi sur les réformes qu'il propose pour relancer la construction européenne. Dans l'attente d'un gouvernement économique, il veut avancer sur l'harmonisation fiscale et sociale. Il a aussi évoqué le lourd dossier du terrorisme et du Moyen-Orient, souhaitant la "neutralisation" d'Assad en Syrie.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
  (François Hollande à l'Elysée, lors du discours d'ouverture de la semaine des ambassadeurs © REUTERS/Philippe Wojazer)

Si le chef de l'Etat a balayé dans un vaste mouvement tous les grands dossiers qui composent l'actualité internationale et diplomatique, François Hollande s'est plus particulièrement attaché mardi à deux d'entre eux : le terrorisme et l'Europe. Et il prévient  l'attaque du Thalys Paris-Amsterdam montre que "nous devons nous préparer à d'autres assauts et donc nous protéger ". Et il brosse un tableau des menaces et des réponses à apporter. La sécurité, souligne-t-il, se joue à l'intérieur des frontières, où l'opération Sentinelle, qui mobilise 7.000 militaires et policiers, se poursuit. Elle se joue aussi à l'extérieur et "le recours à la force est nécessaire ". A ce titre, explique-t-il, il faut préparer l'armée à une mobilisation "de longue durée " et il assure avoir redonné des crédits pour cela, alors que de nombreux militaires estiment leur budget insuffisant.

"Neutralisation " d'Assad

La France continuera donc à rester présente dans les coalitions internationales, notamment celle qui s'est formée autour des frappes aériennes sur les positions de Daech en Irak et en Syrie, même s'il a montré qu'il était conscient de son efficacité limitée. A l'heure où le dirigeant syrien Bachar al-Assad semble revenir en grâce aux yeux de certains pour lutter contre les islamistes, François Hollande a répété sa position : pas question de passer par lui. Il appelle à sa "neutralisation " et regrette que "l'inaction " de la communauté internationale ait permis le développement de Daech. Une pique qui vise Barack Obama, qui avait lâché le président français lorsque des frappes aériennes sur les troupes du régime avaient été quasi-décidées.

Passant d'un sujet à l'autre, le président, évoquant l'Iran, a souhaité que Téhéran s'implique dans le règlement des crises régionales, maintenant qu'un accord sur le nucléaire a été trouvé.

Devant les ambassadeurs, François Hollande est longuement revenu sur le dossier du terrorisme

Unis face au drame des migrants

Dans son vaste tableau de la situation, dont l'enchaînement montre l'imbrication des dossiers les uns avec les autres, le chef de l'Etat n'a pas oublié le groupe Boko Haram, qui sème la terreur au Nigéria et dans les pays voisins, en appelant de ses voeux la constitution d'un groupe international pour en finir avec lui.

Et une fois encore, les questions sont liées : les crises au Moyen-Orient pèsent sur l'Europe également à travers le dossier des migrants, qui doit être traité avec humanité, mais égalité entre les différents pays, qui doivent tous prendre leur part. Et il rappelle ses discussions avec la chancelière allemande Angela Merkel. S'il fait le distinguo entre les demandeurs d'asile et l'immigration économique, il rejette le rétablissement des frontières intérieures, "une supercherie " qui fait "illusion ", dit-il. Et il espère que les propositions franco-allemandes aboutiront au cours d'un prochain Conseil européen.

Relancer "l'idéal européen"

L'Europe se doit aussi d'être unie pour relancer sa construction. Le président y voit un risque de perte de "l'idéal européen ". Et en réponse à la montée des nationalismes, il prend clairement une position fédéraliste. Pour lui, il faut un "gouvernement économique " à l'Europe. Un souhait qu'il avait déjà formulé cet été. Là encore, le mariage Paris-Berlin doit être le moteur sur lequel s'appuyer, plaide-t-il. Et en attendant que ce rêve "hollandien" puisse s'accomplir, il veut s'appuyer sur les traités existants. Ils permettent d'avancer vers plus de convergence fiscale et sociale, sans oublier un droit du travail commun, pour éviter que certains pays ne jouent la carte du dumping.

Démocratisation de l'Europe

Les institutions européennes doivent toutefois se démocratiser, souligne encore le président de la République. Et il donne des exemples : l'Eurogroupe doit prendre ses décisions à la majorité qualifiée. Une telle organisation devrait permettre à la zone euro de bénéficier d'un budget propre et augmenté, qu'il souhaite voir placé sous contrôle parlementaire.

"Je fais confiance aux autorités chinoises pour surmonter la crise "

Et François Hollande ne veut pas attendre que tout le monde prenne le train pour avancer. Les pays qui ne veulent pas s'intégrer dans le dispositif doivent pouvoir rester à l'écart. Ce qui lui permet de passer au cas du Royaume-Uni, dont il espère le maintien dans l'Union européenne, mais "dans le cadre des traités ". Pas question pour lui de laisser Londres se tailler une Europe sur-mesure.

Enfin, François Hollande ne semble pas inquiet outre mesure par la crise boursière qui secoue la Chine. Il souligne que même ralentie, la croissance chinoise reste enviable : "je fais confiance aux autorités chinoises pour surmonter la crise. Elles ont les moyens d'agir ", veut croire François Hollande, qui a aussi abordé le prochain sommet sur le climat de Paris en appelant à annoncer des engagements chiffrés dès le début des discussions et non pas à la fin.

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