Le "paradis européen" tourne au cauchemar pour les migrants tunisiens
Jouni a 26 ans, Jamal, 52 ans. Tous deux viennent de région de Gabes, dans le sud de la Tunisie. Il y a trois mois, ils ont embarqué à Djerba direction Lampedusa, pour un voyage "50/50 : une chance de passer, une chance de se noyer". Malgré la tempête, ils ont réussi à rejoindre le "paradis européen". Puis sont venus les premières désillusions.
"L'Europe était contente de cette révolution du jasmin... Mais en fait, personne ici ne jette un coup d'oeil sur les Tunisiens qui vivent depuis dans les rues et les jardins", dit Jouni.
Et Jamal ajoute : "on est des réfugiés, notre situation est précaire".
Demain, Jouni et Jamal retourneront à Vintimille, leurs camarades d’infortune à Marseille, Nantes, Angers et Paris. Pendant qu’à Luxembourg, les ministres européens de l’Intérieur parleront une nouvelle fois de contrer l’afflux massif des migrants, plutôt que de les protéger, s’indigne l’eurodéputée verte Hélène Flautre. Alors que les outils législatifs existent : "il faut activer la directive sur la protection temporaire, déployer des moyens opérationnels pour venir en aide aux personnes, et trouver des réponses pour les gens qui ne peuvent pas retourner dans leur pays d'origine, et qui sont +stockés+ sans aucune perspective."
Et la guerre en Libye n’a fait qu’empirer les choses pour les Tunisiens, souligne Hélène Flautre. C’est bien, dit-elle en substance, d'intervenir militairement pour protéger les populations civiles, mais à condition de protéger aussi les personnes qui fuient cette intervention.
Anja Vogel
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.