Le pape réhabilite des intégristes, la polémique enfle
C'est une petite voix qui tente de se faire entendre... mais elle est aujourd'hui bien isolée. En levant l'excommunication qui frappait quatre évêques intégristes - de la Fraternité Saint Pie X - le pape a ouvert le dialogue. Il “a voulu aller jusqu'au bout de ce qu'il pouvait faire comme main tendue, comme invitation à une réconciliation” ; c'est du moins l'avis du cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et membre de la commission pontificale “Ecclesia Dei”.
Un avis isolé donc. Car aujourd'hui la décision du pape suscite toujours beaucoup de vagues. A tel point que l'Eglise peine à parler d'une seule voix.
Ainsi, l'évêque de Sées, dans l'Orne, Mgr Jean-Claude Boulanger : “Nous sommes d'acccord, les trois évêques de Basse-Normandie (Coutances et Bayeux), pour dire notre peine au nom des catholiques à tous ceux qui sont blessés par les propos inacceptables de cet évêque et nous les assurons de notre soutien et de notre compréhension”.
Et de poursuivre : “Le cardinal André Vingt-Trois (l'archevêque de Paris) a dit 'ce sont des âneries', mais malheureusement des âneries font parfois beaucoup de blessures pour ceux qui les reçoivent, notamment les résistants et les personnes qui sont allées en camp de concentration”.
La polémique se cristallise en effet autour de la personnalité de l'évêque britannique Richard Williamson, un homme qui a nié l'existence des chambres à gaz.
_ Fâcheux... à tel point que le Vatican s'est fendu d'une mise au point très claire. Via son journal, l'Osservatore Romano, il rappelle que la condamnation de l'antisémitisme “ne peut faire l'objet de discussion” pour un catholique. Et que le négationnisme est contraire à l'enseignement de l'Eglise.
Cela dit, après cette mise au point, le journal du Vatican botte en touche. Il estime que l'annulation de l'excommunication est conforme aux enseignements du concile Vatican II car celui-ci préfère “la médecine de la miséricorde à la condamnation”.
_ Et conclut que “la révocation de l'excommunication n'est pas encore la pleine communion”, et que “le chemin de la réconciliation avec les traditionalistes”" ne met pas un point final à “l'évènement douloureux qu'a été le schisme lefebvriste”. L'affaire n'en restera sans doute pas là...
Guillaume Gaven, avec agences
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