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Le gestionnaire du réseau ferroviaire belge, Infrabel, reconnaît que l'accident aurait pu être évité

L'un des trains accidentés n'était pas équipé du système de freinage automatique, a avoué le gestionnaire. Les conducteurs de trains belges se sont mis en grève mardi.La collision entre deux trains survenue lundi matin à Hal, en banlieue de Bruxelles, a fait 18 morts et 95 blessés.
Article rédigé par France2.fr
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Train accidenté en Belgique, le 15 février 2010 (AFP - Georges Gobet)

L'un des trains accidentés n'était pas équipé du système de freinage automatique, a avoué le gestionnaire. Les conducteurs de trains belges se sont mis en grève mardi.

La collision entre deux trains survenue lundi matin à Hal, en banlieue de Bruxelles, a fait 18 morts et 95 blessés.

Le drame a entraîné l'interruption du trafic entre Bruxelles et la Grande-Bretagne, et Bruxelles et la France, y compris les TGV. La circulation des Thalys restera interrompue mercredi.

Le système de freinage automatique devrait être généralisé d'ici à 2013
Une enquête a été ouverte pour déterminer les causes de la catastrophe mais, pour le gouverneur de la province du Brabant flamand, M. De Witte, c'est le non-respect d'un signal d'arrêt qui a provoqué une collision à vive allure.

La ligne où s'est produite la collision est pourtant équipée d'un système de sécurité destiné à immobiliser les trains automatiquement quand le signal devient rouge. Mais l'un des trains accidentés n'était pas équipé de ce système, a reconnu Luc Lallemand, administrateur délégué d'Infrabel, le gestionnaire du réseau ferroviaire belge.

A la question de savoir si l'accident aurait été évité si le système de freinage avait été installé sur les deux convois, M. Lallemand a répondu : "oui".
Ce dispositif devrait être installé sur l'ensemble du réseau et des trains d'ici à 2013.

Pour sa part, la Commission européenne a réfuté mardi toute responsabilité dans la catastrophe, rejetant les accusations de la SNCB qui a estimé que l'UE avait retardé la généralisation des systèmes d'arrêt d'urgence.

Anne Woygnet, une porte-parole de la SNCB, a déclaré que "L'Union europénne a décidé d'une norme puis en a changé pour une autre. De ce fait la SNCB et Infrabel ont décidé d'adopter la norme la plus performante. Cela evidemment a contribué au retard dans l'installation du système", a-t-elle dit.

Un expert des questions de transport de la Commission a déclaré disant: "Nous n'avons absolument pas empêché l'Etat belge ou la SNCB de s'équiper d'un système national de sécurité".
"Ce raisonnement ne tient pas la route", a-t-il assuré.

Les trains accidentés ne seront pas dégagés des voies avant deux ou trois jours pour les besoins de l'enquête, a précisé le parquet de Bruxelles.
La SNCB et Infrabel ont précisé qu'après le feu vert du parquet il faudra "au minimum trois jours" pour dégager les voies.

Grève surprise des machinistes de la SNCB
Mardi matin, des machinistes de la compagnie ferroviaire belge, la SNCB, ont lancé une grève surprise largement suivie en réaction à l'accident dramatique survenu la veille, dans lequel l'un de leurs collègues est mort, ainsi que 17 passagers.

Le blocage de nombreux dépôts ferroviaires, essentiellement en Wallonie, comme à Liège, Namur et Charleroi notamment, risque de sérieusement perturber le trafic national ainsi que les liaisons internationales passant par cette partie méridionale de la Belgique.
Selon la SNCB, la grève est très suivie, et de nombreux retards et annulations étaient à prévoir mardi matin.

Les grévistes dénoncent la dégradation de leurs conditions de travail, qui peut mener selon eux à des accidents tels que la collision frontale survenue lundi matin.

18 morts et 95 blessés "graves et légers"
"Pour des raisons encore inconnues, les deux trains sont entrés en collision latérale à hauteur d'un aiguillage à la sortie de la gare de Hal vers Bruxelles", ont précisé lundi dans la soirée, dans un communiqué conjoint, la SNCB et la société Infrabel, le gestionnaire du réseau ferré belge.

La SNCB et Infrabel ont indiqué que le bilan de cette catastrophe était de 18 morts et 95 blessés "graves et légers".

Les secouristes ont retiré les corps de quinze hommes et trois femmes, avait précisé un peu plus tôt le gouverneur de la province du Brabant flamand, Lodewijk De Witte.
Un enfant figure parmi les blessés ainsi que deux ressortissants français, a-t-il dit.

La collision, qui serait due au non-respect d'un signal d'arrêt par l'un des trains, s'est produite lundi vers 8h30 en pleine heure de pointe sur la ligne Mons-Bruxelles, à 15 km au sud de la capitale belge, alors qu'une neige dense tombait. Les deux convois transportaient de 250 à 300 voyageurs, selon la Société nationale des chemins de fer belges SNCB.

L'émotion est très vive dans le pays, affecté récemment - le 27 janvier - par une autre catastrophe, lorsqu'une explosion de gaz à Liège a soufflé un immeuble et fait 14 morts.

Le roi des Belges Albert II a interrompu ses vacances dans le sud de la France et s'est rendu sur place lundi en fin d'après-midi, avec le Premier ministre Yves Leterme qui a également interrompu une visite officielle au Kosovo. Les deux hommes sont restés une dizaine de minutes sur les lieux de la catastrophe.

"La lumière sera faite sur les circonstances de l'accident", a affirmé M. Leterme au cours d'une conférence de presse. Il a parlé d'une "journée horrible" pour la Belgique.

La catastrophe ferroviaire la plus grave en Belgique depuis 1974
Certains blessés ont dû être amputés sur le lieu même de l'accident sous les yeux des autres passagers. Plusieurs heures après la catastrophe, plusieurs personnes étaient par ailleurs toujours bloquées à l'intérieur des voitures, dans des températures glaciales.

C'est la catastrophe ferroviaire la plus grave dans le pays depuis un déraillement qui avait fait 18 morts en 1974.

Le gouverneur du Brabant, Lodewijk De Witte, a précisé lors d'une conférence de presse que l'un des trains, qui venait de Louvain, n'avait pas respecté un feu rouge et était entré en collision avec l'express allant à Liège qui avait dix minutes de retard sur son horaire habituel.

Des locomotives projetées en l'air
"Le choc a été effroyable, ça a été terrible", a raconté à l'AFP, Sylvie S., une rescapée, blessée au bras. La télévision a montré les locomotives des deux trains projetées en l'air par le choc frontal. "Les deux premières voitures ont été complètement écrasées. J'étais dans la voiture suivante. Le train s'est couché sur le côté, les gens sont tombés les uns sur les autres, on ne pouvait plus respirer et les femmes et les enfants criaient", a raconté Mounir Hambaoui, un passager âgé de 37 ans.

"C'est une véritable catastrophe, un choc pour le pays", a déclaré le ministre président wallon Ruddy Demotte. "C'est un nouveau jour noir pour la Flandre", a commenté son homologue flamand Kris Peeters, en déplacement aux Etats-Unis.

Trois heures après l'accident, le chaos était total sur les lieux de la catastrophe. Selon des images diffusées pas les chaînes de télévision flamandes, un wagon s'est renversé sous le choc, décrit par tous les témoins comme "très violent".

Le trafic France-Belgique suspendu
Le trafic ferroviaire entre la France et la Belgique, interrompu lundi matin à la suite de la collision frontale entre les deux trains, restera suspendu mardi. Les trains Thalys, TGC, Eurostar et TER ne peuvent pas rallier Bruxelles, a indiqué la SNCF dans un communiqué (pour plus d'informations, Infolignes).

Les trains ne seront pas dégagés des voies avant deux ou trois jours pour les besoins de l'enquête, a indiqué le parquet de Bruxelles. Tous les voyageurs doivent donc reporter leur voyage et les billets peuvent être échangés ou remboursés.

Eurostar a, de son côté, précisé que ses liaisons entre Bruxelles et la Grande-Bretagne resteraient également suspendues mardi 16 février et qu'un trafic réduit serait assuré entre les gares anglaises et Lille. La ligne Londres-Paris n'est pas affectée.

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