Le Geste de Verdun, un geste pour l'amitié franco-allemande
L'histoire du couple franco-allemand est jalonné d'images fortes. A commencer par celle de la rencontre, en 1963, entre le président français Charles de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer. Rencontre qui, par la signature du traité de l'Elysée, va sceller le rapprochement entre les deux ennemis d'hier.
Dès lors, leurs deux pays vont s'imposer comme les moteurs de la construction européenne.
Deux changements politiques importants surviennent en France et en République fédérale d'Allemagne (RFA) au début des années quatre-vingt. L'élection du socialiste François Mitterrand, le 10 mai 1981, marque une rupture dans l'histoire de la cinquième République. Son partenaire allemand est, brièvement, le social-démocrate Helmut Schmidt, puis son successeur chrétien-démocrate à la chancellerie, Helmut Kohl, à partir du 1er octobre 1982.
Cette nouvelle équipe franco-allemande va jouer un rôle déterminant dans la poursuite de l’intégration européenne.
Le Geste de Verdun
Le Geste de Verdun ne fait que sceller cette entente grandissante entre la France et l’Allemagne.
Le 22 septembre 1984, François Mitterrand et Helmut Kohl viennent ensemble sur le champ de bataille de Verdun pour affirmer leur volonté de dépasser les horreurs des conflits passés et poursuivre ensemble la construction d’une Europe en Paix.
Soudain, François Mitterrand prend la main d'Helmut Kohl, rajoutant à l'émotion du moment. Cette image va très vite s’inscrire dans la conscience collective et inspirer artistes et caricaturistes des deux côtés du Rhin.
Reportage : S. Janeczko; T. Le Roux; E. Lagrange
L’exposition «Le Geste de Verdun : Mitterrand-Kohl» se compose d’une centaine de dessins de presse français et allemands, de photographies, de vidéos qui s’inspirent de cette image en l’actualisant ou en la détournant. A découvrir au Mémorial Charles de Gaulle jusqu'au 31 mai 2015.
L’amitié franco-allemande à l’épreuve de l’Histoire
Marquer l’Histoire, sceller une amitié forte par un geste symbolique, soutenir une Europe de Paix. Les intentions sont louables lorsque les parties s’entendent et le contexte économique est favorable. Mais comme dans toutes les histoires de couples, les faiblesses de l’un deviennent rapidement la force de l’autre. Et le déséquilibre se creuse. Point d’amitié lorsque l’un tente de dicter à l’autre ses volontés. Les couples franco-allemands seront donc au fil du temps volontaires, équilibrés, échauffés ou carrément boudeurs.
Angela Merkel et Nicolas Sarkozy : Merkozy
La période récente a vu un démarrage difficile entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président Nicolas Sarkozy. Le président français avait, selon les Allemands, le défaut de tout ramener à lui. Ce qui a agacé outre-Rhin. La crise économique et financière qui va ébranler la zone euro à partir de l'année 2008, oblige le couple franco-allemand à se rapprocher. Les déclarations communes vont se multiplier. On ne parlera plus de couple franco-allemand mais de Merkozy. Une façon d’ironiser sur cette entente de circonstance.
Angela Merkel et François Hollande
L’arrivée au pouvoir de François Hollande, en 2012, ne fait pas les affaires d’Angela Merkel qui avait enfin trouvé un mode de communication et de fonctionnement avec Nicolas Sarkozy. La méfiance est réciproque. Pour beaucoup d'observateurs, les relations entre Paris et Berlin n'ont jamais été aussi tendues depuis soixante ans. Mais la France et l’Allemagne sont condamnées à s’entendre. D’abord dans l’intérêt des deux pays. Ensuite dans celui de l’Union européenne qui a besoin de ses deux jambes pour continuer à avancer.
Traquer le moindre geste d’amitié
En amitié comme en amour, il n’y a que des preuves, dit-on souvent. Ils sont donc nombreux celles et ceux, dessinateurs, journalistes, historiens, qui traquent ou interprètent les moindres gestes entre les représentants de ces deux puissances européennes. Une façon de prendre la température du couple.
Dernier évènement en date à avoir intéressé les médias et relaté par l’AFP comme étant le début d’une lune de miel entre la France et l’Allemagne, entre les dirigeants des deux pays : la visite, le 11 janvier 2015, de la chancelière allemande Angela Merkel.
«Venue participer à la manifestation monstre réunie ce jour-là, la chancelière avait posé sa tête sur l'épaule du président français dans un geste d'affection aussi démonstratif que rare. Puis ils avaient défilé bras dessus bras dessous dans les rues de la capitale au centre d'un "G40" improvisé de chefs d'Etat et de gouvernement. Ce geste s'inscrivait dans le droit fil d'une histoire qui a commencé avec Konrad Adenauer et Charles de Gaulle au lendemain de la Seconde guerre mondiale et s'est poursuivie avec Willy Brandt et Georges Pompidou, Helmut Schmidt et Valéry Giscard d'Estaing ou encore Helmut Kohl et François Mitterrand.»
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