Le foie gras, pomme de discorde entre la France et l'Allemagne
Pas de foie gras ? Alors pas de Bruno Le Maire. Au delà de cet aspect anecdotique - le ministre français de l'Agriculture ayant menacé de boycotter l'inauguration du salon Anuga de Cologne si le foie gras en est exclu - la mise à l'écart du produit phare de la gastronomie française d'une des plus grandes foires alimentaires du monde risque d'avoir des conséquences non négligeables pour la filière foie gras française, qui emploie 35.000 personnes.
Le salon a effet lieu deux mois avant les fêtes de fin d'année, traditionnel moment fort de la consommation de foie gras. C'est sous la pression des défenseurs des animaux, opposés au gavage des oies et des canards, que les organisateurs ont pris leur décision. Selon eux, elle date en réalité de 2009, et elle s'explique par le fait que l'Allemagne ne produit pas de foie gras : “dans la plupart des pays d'Europe, et pas seulement en Allemagne, la production de foie gras est interdite et nous ne pouvons pas l'ignorer”, plaide Christine Hackmann, porte-parole du salon.
Un argument qui ne plaît pas du tout aux autorités françaises, qui se sont saisies de l'affaire. La France applique “rigoureusement toute la réglementation communautaire sur le bien-être animal”, assure Bruno Le Maire, dans une lettre à son homologue allemande. Le Secrétaire d'Etat à la Consommation, Pierre Lellouche, a convoqué l'ambassadeur allemand à Paris pour protester contre ce qu'il estime être une entrave à la libre circulation et à la non discrimination des produits dans l'Union européenne. Il demande que Berlin “fasse preuve de la plus forte autorité vis-à-vis des organisateurs et fasse respecter le droit européen”.
_ Pendant ce temps, l'ambassadeur français en Allemagne convoquait les organisateurs du salon pour leur faire part de l'émotion de la France.
La controverse autour du foie gras n'est pas nouvelle. L'association française Stop Gavage, qui milite pour l'interdiction du produit, félicite les organisateurs du salon. Les producteurs de foie gras, eux, les condamnent, et accusent les végétariens : “aujourd'hui c'est le foie gras, demain ce sera autre chose, car de toutes façons ces gens sont contre toute exploitation et toute production animale”, tempête Philippe Baron, président national des producteurs de foie gras.
Grégoire Lecalot, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.