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Le "Barroso-bashing", symbole de la distance entre Paris et Bruxelles

Les dirigeants socialistes se déchaînent contre le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, depuis qu'Arnaud Montebourg l'a qualifié de "carburant du Front national" dimanche dernier. Claude Bartolone ou Benoît Hamon, entre autres, ont abondé dans ce sens. Ils accusent Barroso d'entretenir l'euroscepticisme, à force d'austérité, alors qu'un Conseil européen doit s'ouvrir jeudi à Bruxelles.
Article rédigé par Clara Beaudoux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Francois Lenoir Reuters)

Tout a démarré dimanche, avec la petite phrase d'Arnaud Montebourg : "Monsieur Barroso est le carburant du Front national, voilà la vérité ", déclarait alors le ministre du Redressement productif. "Alors qu'il y a 75% des Français qui sont contre la mondialisation telle qu'elle existe, vous avez le président de la Commission européenne qui dit que tous ceux qui sont anti-mondialisation sont des réactionnaires ", expliquait alors Arnaud Montebourg, en réaction à des propos précédents de José Manuel Barroso.

Le lendemain, lundi, le président de la Commission européenne avait répondu, expliquant notamment qu'"il serait bon que certains responsables politiques comprennent que ce n'est pas en attaquant l'Europe et en essayant de faire de la Commission européenne le bouc émissaire de leurs difficultés qu'ils arriveront très loin ". Une idée reprise ensuite par l'opposition, et notamment par le commissaire européen Michel Barnier, ancien ministre de l'Agriculture, indiquant que le gouvernement français "se défaussait " en fait ainsi sur l'Europe. 

Hamon, Le Roux et Bartolone abondent

Mais il semble en fait qu'Arnaud Montebourg ait dit tout haut ce que les socialistes pensaient tout bas, car depuis sa phrase les confirmations abondent. Mardi sur France Info le président du groupe PS à l'Assemblée Bruno Le Roux a indiqué qu'il se "réjouirai t " d'un éventuel départ de Barroso. "**Je ne pense pas aujourd'hui qu'il incarne ce que l'on pourrait souhaiter en matière de dynamisme européen ", a-il dit.

Et mercredi, la polémique se poursuit. Dans un entretien au Parisien, Claude Bartolone indique que pour lui Barroso est un homme "dépassé ", agissant de "manière insupportable ". "Barroso incarne une Europe qui ne correspond plus au monde actuel. C'est l'Europe du XXe siècle, celle de la libre circulation des marchandises et des capitaux, de la marche forcée vers l'austérité. Barroso, ce n'est pas l'Europe du XXI e siècle, plus protectrice, plus préoccupée par la croissance et l'emploi ", a expliqué le président socialiste de l'Assemblée nationale.

"Le débat, oui, le pugilat, non" (Laurent Fabius)

Benoît Hamon se joint également aux accusateurs, mercredi. "José Manuel Barroso, comme beaucoup de commissaires européens contribue à  entretenir une forme de distance avec le projet européen. Aujourd'hui, dans leur politique, dans cette obsession à faire de l'austérité partout, ils cassent le modèle social et contribuent à la désespérance qui mène parfois au  Front national ", a indiqué le ministre délégué à la Consommation.

Face aux critiques des derniers jours, Laurent Fabius a souhaité mercredi que la polémique ne tourne pas au "pugilat ". "Le débat avec la commission oui, le pugilat non, il faut éviter de  personnaliser ", a déclaré le ministre des Affaires étrangères. Dans un reportage diffusé lundi à la télévision, le chef de l'Etat avait également tenté de désamorcer le débat : la construction européenne n'est plus, aujourd'hui, "regardée comme une grande aventure mais comme, parfois, une  mésaventure ", avait déploré François Hollande. Le débat pourra se poursuivre jeudi et vendredi, un Conseil européen est prévu à Bruxelles.

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