La rigueur va-t-elle tuer Erasmus ?
"Si les gouvernements de l'Union européenne ne font rien, les
étudiants inscrits sur Erasmus ne pourront pas partir l'an prochain" . C'est la
sonnette d'alarme tirée ce mercredi par l'eurodéputé Alain Lamassoure. Le
président de la commission Budget au Parlement européen explique également que "le
Fonds social européen et une partie des fonds gérés par les collectivités
locales sont en cessation de paiement depuis le début du mois".
La Commission européenne a confirmé ce mercredi que le programme d'échange d'étudiants européens "est à court d'argent" . Bruxelles annonce qu'elle va demander aux Etats une "rallonge substantielle" pour pouvoir continuer à financer les bourses.
Comment expliquer cette situation ?
La faute à la rigueur. Fin 2011, les gouvernements européens
ont décidé de mettre le budget communautaire au régime sec. Alors que les
députés européens réclamaient une hausse de 5,4% du budget de l'UE, les Etats
ont décidé d'accorder 129 milliards d'euros de budget. Cela représente une
augmentation de 1,86%, soit moins que l'inflation. Conséquence, les dépenses
réelles sont en baisse et les institutions doivent, sur le papier, faire des
sacrifices.
Un double langage de la France ?
C'est ce que dénonce Alain Lamassoure sur France Info. L'eurodéputé
rappelle que, dans sa volonté de renégocier le traité européen, le nouveau
président a fait adopter un "pacte de croissance" lors du Conseil
européen de juin dernier. Le texte prévoit une enveloppe de 120 milliards d'euros
(financée par une réorientation des fonds structurels régionaux, le produit
de la taxe sur les transactions financières et l'augmentation des prêts de la
Banque européenne d'investissement).
Cette somme est destinée à financer des projets d'innovation, l'accompagnement
des PME ou encore l'efficacité énergétique. Mais pour Alain Lamassoure, "en
pratique, l'administration française coupe les crédits. Il faut que Paris donne
des instructions et arrête ce double langage. Ou bien on considère que le
budget européen est important, ou bien on arrête de faire de grands discours
lyriques sur l'Europe".
Un blocage qui risque de continuer
Si Alain Lamassoure est remonté, c'est que la France fait
partie des sept pays (avec le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Autriche, la
Finlande, la Suède et les Pays-Bas) qui s'opposent au budget 2013 présenté par
la Commission européenne. Pour rattraper les retards d'investissement et de
fonctionnement, Bruxelles prévoit 138 milliards de dépenses, soit une hausse de
6,2%. Les négociations se poursuivent jusqu'au sommet européen sur le budget
prévu fin novembre.
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