La poussée de l'extrême droite inquiète Bruxelles
La candidate du Front national Marine Le Pen, qui menait sa première campagne, a fait une percée record le 23 avril 2012. Avec 17,9% des suffrages exprimés, elle se place en tant qu'arbitre pour le second tour.
Ce score est à rapprocher de l’ascension des partis d'extrême droite dans plusieurs autres pays, comme aux Pays-Bas, où le Parti pour la Liberté de Geert Wilders a fait tomber le gouvernement de Mark Rutte le 23 avril 2012, sur le thème de la réduction du déficit public dans le pays voulue par Bruxelles.
La droite extrême ou populiste est également très implantée en Autriche, en Finlande, en Suède, au Danemark, en Suisse ou en Hongrie, et progresse dans la région de Flandre en Belgique. Elle pourrait faire parler d'elle lors des législatives du 6 mai dans une Grèce anéantie par la crise de la dette.
La progression du parti eurosceptique en France inquiète Bruxelles
Un porte-parole de la Commission européenne a ainsi adressé une mise en garde aux candidats concernant les appels du pied aux électeurs frontistes pour le second tour. Pour Olivier Bailly, les responsables européens ne doivent «pas céder à la tentation des discours populistes» et «faire attention à la menace populiste, à la propagation de ses idées parce qu'elles sont fondamentalement contraires aux idéaux portés par la construction européenne.»
Quant au chef de l'eurogroupe, Jean-Claude Juncker, il craint que l'extrême droite devienne «un élément structurel du paysage politique français» et espère «que les autres partis ne vont pas s'en inspirer.»
Les dirigeants européens sévères
Le chef de la diplomatie luxembourgeoise, le socialiste Jean Asselborn, a carrément accusé Nicolas Sarkozy d'être en partie responsable du succès de Marine Le Pen : «Si on répète tous les jours qu'on doit changer Schengen, qu'on doit avoir une politique» dure en matière d'immigration, «qu'on doit parler de l'exception française» pour les entreprises, «tout cela, c'est de l'eau au moulin du FN».
La chancelière allemande Angela Merkel a jugé «préoccupant» «ce score élevé». Mais la principale partenaire de Nicolas Sarkozy dans la gestion de la crise a préféré se concentrer sur l'après-second tour en continuant de «soutenir» le chef de l’Etat français, tout en précisant qu’elle «travaillerait bien» avec n'importe quel président, sous-entendu François Hollande.
Le score du FN préoccupe l'Europe
BFM TV, le 23 avril 2012
Concernant les restrictions aux frontières prônées par le gouvernement français pour limiter l’immigration, le ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt s’est dit «inquiet de ce sentiment que nous constatons contre des sociétés ouvertes, une Europe ouverte».
Le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, croit lui en l’importance d’être «très attentif» à ces poussées extrêmistes en Europe alors qu'en Autriche, son homologue Michael Spindelegger estime que le résultat «très impressionnant» de la candidate frontiste «doit tous nous faire réfléchir».
Les marchés flottent
Entre les résultats du premier tour, la chute du gouvernement aux Pays-Bas et les mauvais indicateurs économiques, les craintes de voir repartir la crise de la dette en zone euro ont fait vaciller les bourses européennes dès le 23 avril.
Si l'arrivée en tête du socialiste François Hollande et sa possible victoire au second tour a entamé le moral des investisseurs, les marchés se sont également interrogés sur l'influence qu'aura sur ce scrutin le score du Front National.
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