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La Lettonie passe à l’euro sans enthousiasme

Résignés, les Lettons adoptent l’euro le 1er janvier 2014. Le pays a suivi une cure d’austérité drastique qui en fait le bon élève de l’Europe. Pour autant, cet ancrage à l’ouest ne déchaîne pas les passions.
Article rédigé par Jacques Deveaux
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
Une habitante de Riga présente le «kit de démarrage» à l'euro, composé de diverses pièces. (AFP)

Le 18 ème membre de la zone euro est un convalescent. Du reste, la Lettonie pensait rejoindre le club dès 2008, dans l'euphorie de l'adhésion à l'Union européenne en 2004. Tout était alors au beau fixe: crédit facile, salaires en hausse. Mais le ver était dans le fruit. L'inflation trop élevée puis la crise mondiale, ont douché les espoirs.

La Lettonie a alors connu une récession sans pareil. Le PIB a fondu de 25 % en 2008-2009.

Le remède, ici aussi, a été le même. Un prêt consenti par le FMI et l’Union européenne en échange de mesures d’austérité radicales.

Le pays a réussi à rembourser sa dette de 7 milliards et demi d’euros avec deux ans d’avance, devenant ainsi un exemple d’une politique d’austérité réussie. «Un modèle de politique budgétaire», a commenté à l’AFP Mario Draghi, le patron de la Banque centrale européenne (BCE).

Désormais, ce petit Etat de deux millions d’habitants est le champion européen de la croissance: 5% en 2011 et 2012, 4% prévus pour 2013. Riga pouvait donc se remettre à rêver de zone euro.
 
Mais ce changement de devise ne provoque pas l’enthousiasme. Selon les sondages, 58% des Lettons sont opposés au passage à l’euro. Principale inquiétude, que les prix n’augmentent. D’ailleurs, le taux de conversion de la devise nationale, 1 lats pour 1,42 euro, est presque une incitation à l’arrondi!

Car si la croissance peut faire pâlir d’envie la France ou même l’Allemagne, elle ne masque pas les problèmes. Ici, les salaires ressemblent plus à ceux de la Pologne. 500 euros par mois en moyenne. Malgré la croissance, la Lettonie est un pays pauvre. Le PIB par habitant est de 14.000 dollars quand en Grèce, il est du double. Aujourd'hui, le Premier ministre Valdis Dombrovskis fait valoir que l'adhésion à l'euro aidera l'économie lettone en facilitant les échanges et en renforçant la confiance des investisseurs.

On le voit, le chemin est encore long pour la nation balte qui n'a acquis son indépendance qu'en 1991. Et l'histoire récente a montré que l'euro n'est pas la potion magique tant espérée pour enrichir un pays...

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