: Vidéo "Le drame de l'Europe, c'est qu'elle touche le cerveau mais pas le cœur", estime le philosophe Régis Debray
Régis Debray, auteur de "L'Europe fantôme", paru chez Gallimard, estime que l'Europe est "quelque chose d'abstrait" que "Tartempion ne comprend pas bien"... Extrait du magazine "Ouvrez le 1" diffusé mercredi 6 mars 2019 à sur Franceinfo (canal 27).
Le philosophe Régis Debray écrit dans L'Europe fantôme (éd. Gallimard) : "L'Europe reste un mot faible qui n'implique que faiblement ceux qui l'utilisent." Pour le magazine "Ouvrez le 1" diffusé mercredi 6 mars 2019 sur Franceinfo (canal 27), Eric Fottorino, directeur de l'hebdomadaire Le 1, lui demande pourquoi cette faiblesse ?
"Parce qu'il n'y a pas de sentiment d'appartenance, il n'y a pas d'affection sociétative, répond-il. L'Europe reste comme une usine à gaz, une superposition d'organismes que les gens ne comprennent pas bien. Il n'y a pas d'affectivité." Cela veut-il dire qu'il n'y a pas d'imaginaire ? "C'est le drame de l'Europe. Il n'y a de communauté stable qu'imaginaire. Toute société veut de la fiction, disait Valéry. Et il n'y a pas de fiction et de légende européennes."
"L'Europe reste une idée et c'est pourquoi les idéologues sont très pour"
"Un peuple, c'est quoi ? C'est d'abord des contours et d'abord des conteurs, explique Régis Debray. Des contours, c'est-à-dire il y a une frontière et un territoire. On ne sait pas aujourd'hui d'où l'Europe vient et où elle finit… Il n'y a pas de récits, de poètes, de légendes. Il n'y a même pas de cinéma qu'on puisse dire européen. Le drame de l'Europe, c'est qu'elle touche le cerveau mais pas le cœur."
"On ne sait pas comment définir cette Europe. Ce n'est évidemment pas une nation, c'est peut-être une confédération, mais en tout cas, c'est quelque chose d'abstrait… Ça reste une idée et c'est pourquoi les idéologues sont très pour l'Europe… Tartempion ne comprend pas bien", précise-t-il.
Extrait du magazine "Ouvrez le 1" (replay) diffusé mercredi 6 mars 2019 sur Franceinfo (canal 27).
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