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Tribune Julian Assange : "Le Brexit ? Je suis pour ! L'Europe se portera mieux sans les Britanniques"

Dans une tribune publiée par francetv info, le fondateur de WikiLeaks pense que le Royaume-Uni plombe l'Union européenne, en se montrant réticent à réfomer. Il estime que l'Europe a besoin d'un électrochoc.

Article rédigé par Hervé Brusini - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Julian Assange depuis le balcon de l'ambassade de l'Equateur à Londres (Royaume-Uni), le 5 février 2016. (NIKLAS HALLE'N / AFP)

Le 19 juin prochain, cela fera quatre ans que Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, vit reclus à l'ambassade d'Equateur à Londres (Royaume-Uni). Accusé d'espionnage par les Etats-Unis dans le cadre des activités de WikiLeaks, et de viols et agressions sexuelles par la Suède, Assange, empêtré dans des batailles judiciaires qui semblent sans fin, n'en a pas moins gardé sa liberté de parole. Il a reçu une délégation du prix Albert Londres, parmi lesquels trois journalistes – Hervé Brusini, de France Télévisions, Alfred de Montesquiou, de "Paris-Match", et Catherine Jentile, de TF1 – pour évoquer de multiples sujets. Parmi eux, le référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, qui aura lieu le 23 juin. Voici son analyse.

Le Brexit ? Je suis pour ! Et pas seulement parce que j'y ai un intérêt personnel : si le Royaume-Uni sortait de l'Union européenne, le mandat d’arrêt européen émis contre moi cesserait d’être. Non, si je suis pour, c'est surtout pour des raisons politiques.

Le Royaume-Uni est une force pestilentielle pour le reste de l’Europe et celle-ci se portera beaucoup mieux sans les Britanniques. En l’état, l’Europe n’arrive pas à réaliser les réformes dont elle a cruellement besoin. L’une des principales raisons de cet échec, c'est l’influence néfaste du Royaume-Uni qui résiste à toute amélioration du système européen.

Bien sûr, la France a envie que les Britanniques restent dans l’Union européenne pour rééquilibrer leur relation avec l’Allemagne. Et les Etats-Unis poussent pour que le Royaume-Uni reste dans l’Europe, parce que c'est leur pion dans le système, qui leur permet de le contrôler à distance. Au final, beaucoup de forces en puissance sont contre le Brexit.

Le référendum, un os à ronger

Le Brexit, c’est un peu comme le référendum d’indépendance de l’Ecosse. C’est l’establishment qui jette au peuple un os à ronger, sans croire une seconde que le référendum puisse gagner. C’est un vote lancé uniquement pour des raisons de politique interne. Ensuite, comme dans le cas du vote écossais, les sondages deviennent de plus en plus serrés, et à mesure que cela se resserre les véritables forces en puissance sortent du bois pour dire tout le mal qu’elles pensent du Brexit : hommes d’affaires, hommes politiques, célébrités…

Il y a quand même une différence. Cette fois, il y a aussi de l'argent dans le camp des opposants à l’Europe. Une partie des banques et de la City est pour. Officiellement, le Brexit serait mauvais pour les affaires mais en réalité, la classe dirigeante de ce pays veut pouvoir faire ce qu’elle veut et les régulations de Bruxelles en matière financière ou de transparence lui tapent sur le système. Cette classe dirigeante se dit que sans l'Europe, elle pourra se remettre à inventer les règles qui l’arrangent au fur et à mesure.

L'Europe a besoin d'un électrochoc

L’Europe a terriblement besoin de réforme. Mais elle n’y parviendra pas sans un choc. La sortie du Royaume-Uni, qui freine en permanence, pourrait être cet électrochoc qui déclenchera une vraie réforme, pour plus d’intégration politique et de cohérence.

L’Union européenne ne peut pas continuer comme cela. C’est le premier bloc économique et culturel au monde, et il est ridiculement faible sur le plan politique, notamment en matière de politique étrangère. Prenez l’exemple de la Turquie : l’Europe est incapable de négocier d’une seule voix. Or, j’aspire vraiment à une Europe forte. Il faut absolument qu’émerge une troisième voix, un choix alternatif, entre le bloc américain et ses alliés d'une part, et le bloc chinois et ses alliés d'autre part. J’espère sincèrement que d’ici vingt ans l’Europe sera en mesure de proposer une alternative, une troisième voie. Malheureusement, je ne pense pas que le Brexit l’emportera...

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