Au Royaume-Uni, qui succédera à Boris Johnson, le Premier ministre démissionnaire ? Après un été de campagne en pleine crise du coût de la vie au Royaume-Uni, la course à Downing Street touche à sa fin ce vendredi 2 septembre, avec Liz Truss grande favorite face à Rishi Sunak. >> Royaume-Uni : les trois années tumultueuses de Boris Johnson à Downing StreetDurant la campagne interne au parti au Parti conservateur britannique, la question des militants a été de choisir entre deux candidats qui se disputent l'héritage de "BoJo" : ici la cheffe de la diplomatie qui promet des baisses d'impôts massives et attaque durement les syndicats, et là, l'ex-ministre des Finances, attaché à l'orthodoxie budgétaire. S'endetter ou ne pas s'endetter, telle est la questionAinsi jusqu’au bout, Liz Truss s'est montrée fidèle à Boris Johnson : elle revendique le même franc-parler, au risque de la polémique. Comme récemment lorsqu’elle a déclaré ne pas savoir si Emmanuel Macron était "un ami ou un ennemi" du Royaume-Uni. Son rival, Rishi Sunak, ancien banquier, diplômé d’une prestigieuse école privée, se veut plus prudent. Sur la forme, comme sur le fond, estime Tony Traverss, politiste et professeur à la London School of economics : "Rishi Sunak, en tant qu'ex-ministre des Finances, a pour priorité la réduction de la dette publique, qui a fortement augmenté pendant la crise sanitaire. Tandis que Liz Truss à une approche différente face à l'inflation : elle veut des réductions de fiscalité immédiate, même si cela conduit l'État à s'endetter davantage."Politique chevronnée qui enchaîne les postes ministériels depuis 10 ans, Liz Truss (47 ans) a séduit la base en promettant des baisses d'impôt massives et adoptant un ton très dur contre les syndicats. Cela lui a valu d'être comparée à Margaret Thatcher, icône du conservatisme, bien que son rival s'emploie à en disputer l'héritage en se posant en champion de la prudence budgétaire. Rishi Sunak (42 ans), petit-fils d'immigrés indiens qui deviendrait le premier Premier ministre non blanc du pays s'il créait la surprise, a peiné à se défaire de son image de riche technocrate, de donneur de leçons et de traître ayant précipité la chute de Boris Johnson en claquant la porte du gouvernement début juillet.Une vision internationale très procheL'économie, voilà donc le principal sujet de clivage, au moment où l’inflation dépasse les 10% au Royaume-Uni, clivage qui a éclipsé les points d’accord entre les deux prétendants, notamment sur les questions internationales. Tous les deux sont en effet partisans du Brexit, et prônent la fermeté vis-à-vis de la Russie. Ils soutiennent aussi l’accord très polémique signé avec le Rwanda, où seront envoyés les demandeurs d’asile pendant que les autorités britanniques examinent leur dossier. Premier grand rendez-vous à venir : les résultats du votes internet des "Tories" devraient être connus lundi 5 septembre, avant un acte protocolaire mardi. Boris Johnson ira alors remettre sa démission à Elizabeth II dans sa résidence d'été de Balmoral en Ecosse, une première pour la souveraine de 96 ans qui a du mal à se déplacer et ne fera pas le voyage à Londres. Son successeur suivra pour devenir le 15e chef de gouvernement des 70 ans de règne de la monarque, avant de rentrer à Londres pour prononcer son premier discours devant le 10, Downing Street, former son gouvernement et affronter mercredi le chef de l'opposition Keir Starmer pour la première fois au Parlement.