Michel Barnier, le négociateur européen chargé du Brexit, a renouvelé lundi sa volonté de voir l’accord sur la pêche aboutir. Mais les discussions n'avancent pas. S'il n'y a pas d'accord, "cela va être dramatique pour toute l'économie de la pêche", a expliqué mardi 8 septembre sur franceinfo Dimitri Rogoff, président du Comité des pêches de Normandie.franceinfo : Qu'en est-il des discussions ?Dimitri Rogoff : Les discussions n'avancent pas du tout. Il y a un rendez-vous décisif à la mi-octobre, mais depuis 2016 on ne peut pas dire qu'on ait avancé. Pour l'instant, il n'y a pas de solution ou d'accord sur quelque sujet que ce soit. On est dans un espace qui est petit, la mer paraît grande mais quand on est en mer il y a plus de 2 000 pêcheurs dans l'espace Manche et là on va le diviser en deux.Tous les pêcheurs qui travaillent sur les côtes anglaises vont être obligés de revenir sur les côtes françaises où il y a déjà de nombreux pêcheurs.Dimitri Rogoffà franceinfoDonc, cela va être dramatique pour toute l'économie de la pêche. Il y a une concurrence sur la ressource entre pêcheurs, une ressource qui ne sera pas disponible, un espace qui ne sera pas disponible. La Manche est l'une des régions les plus productives en termes halieutique et c'est pour ça qu'il y a énormément de pêcheurs.Est-ce vital pour vous de pêcher dans les eaux britanniques ?Oui, il y a un équilibre qui s'est créé entre les différentes flottilles, métiers, les bateaux de différentes tailles de tous les États riverains, il n'y a pas que des Français et cet équilibre-là va être rompu si les bateaux ne peuvent plus y aller. Il risque de venir à manquer de poisson frais. Tout ça devient compliqué.Les Britanniques utilisent-ils la pêche comme moyen de pression dans les négociations sur le Brexit ?Tout à fait. Dès le départ les pêcheurs britanniques ont été instrumentalisés, on leur a dit qu'il fallait reconquérir les eaux, reprendre le poisson. Mais ce n'est pas quelque chose qu'ils se sont faits spolier. Depuis des centaines d'années, par tradition, les pêcheurs français ont toujours été sur les côtes anglaises, les Anglais étant moins friands de poisson, ils n'avaient pas développé leur pêche. L'Europe ne doit pas se rater là-dessus. L'Europe dit que s'il n'y a pas d'accord sur la pêche il n'y en n'aura pas sur autre chose et c'est normal parce que c'est un des fondements de l'Europe. On attend que l'Europe soutienne les pêcheries qui vont rester dans l'Europe.Faut-il s'attendre à une bataille dans les eaux ?On ne souhaite pas à ce qu'il y ait des batailles parce qu'en mer cela peut prendre des proportions délicates et il peut y avoir des accidents et ça on ne le souhaite pas du tout. Par contre, il y a déjà des tensions en mer, les pêcheurs anglais sont de plus en plus remontés, ils attendent le dénouement comme nous. Jusqu'à présent on joue bien l'apaisement, même si les bateaux français sont désignés comme des pilleurs, ce qui n'est pas le cas.