Le Brexit vu du Pas-de-Calais : "Pour l'instant, tout fonctionne bien", assure le directeur interrégional des douanes
Il n'y pas de longues files de camions ce vendredi 1er janvier, au premier jour de l'application de l'accord du Brexit. "La fluidité a été assurée" précise Jean-Michel Thillier, le "monsieur Brexit" des douanes françaises.
Le divorce entre le Royaume-Uni et l'Union européenne est devenu effectif à 23 heures, heure britannique, jeudi 31 janvier. Jean-Michel Thillier, directeur interrégional des douanes des Hauts-de-France, a affirmé vendredi 1er janvier sur franceinfo que "la fluidité a été assurée" et que "tout a parfaitement fonctionné" ce vendredi à la frontière pour le premier jour de l'application de l'accord de Brexit. Ces dernières semaines, les images de longues files de camions à Douvres avaient marqué les esprits.
franceinfo : C'est un jour différent des autres ?
Jean-Michel Thillier : C'est un jour différent des autres parce que c'est la première fois qu'on reconstruit une frontière entre des États membres. Donc ça, c'est un vraiment un précédent qui plus est, avec un grand État, un de nos principaux partenaires économiques et voisins immédiats. C'était une œuvre d'ampleur, donc oui, c'est un jour particulier. C'est une préparation qui dure depuis trois ans. Se préparer au Brexit, c'est réfléchir aux modalités de traversées dans ce lieu très particulier qu'est le Pas-de-Calais, avec énormément de volumétrie, 5 millions de camions, des millions de passagers également. C'est des temps de traversée qui sont très courts, des fréquences de rotation qui sont très grandes et donc un impératif, c'est assurer nos missions de contrôle, mais préserver la fluidité. L'approvisionnement des entreprises, des consommateurs dépend un peu de cette fluidité. Le sujet, c'était d'avoir une informatique et une automatisation plus poussée. C'était avoir du personnel supplémentaire puisqu'on a des flux qui existaient, mais on a des formalités qui n'existaient pas qu'il faut traiter. C'est du personnel supplémentaire. C'est 700 personnes qui ont été recrutées pour toute la douane, presque 300 simplement dans les Hauts-de-France. Et puis c'était remodeler les infrastructures qui ont été créées pour la libre circulation.
Qu'est-ce qui se passe concrètement quand un camion débarque aujourd'hui dans le Pas-de-Calais ?
L'histoire commence en fait avant même d'arriver sur le sol français. Elle commence sur le territoire britannique. L'idée, c'est d'avoir des informations suffisamment tôt sur le camion, la nature des marchandises transportées, la déclaration en douane qu'il a normalement préparée et on fait notre travail de douanier pendant la traversée, ce qui nous permet d'indiquer au chauffeur du camion pendant la traversée, juste avant la fin de la traversée, s'il devra se diriger une fois descendu de la navette ou du ferry, vers des parkings de contrôle ou s'il pourra rejoindre directement l'autoroute. Dans les contrôles qui peuvent survenir, on a évidemment toutes les marchandises qui sont soumises à des contrôles sanitaires avec l'aide des collègues de l'agriculture. On va regarder les produits soumis à normes. Et puis, d'une manière générale, on va regarder toutes les marchandises qui sont fortement fiscalisées et qui présentent, du point de vue douanier un risque plus important que d'autres types de marchandises. Donc, on va s'intéresser aux déclarations et donc aux cargaisons qui comportent ce type d'envoi en leur demandant de se diriger vers le parking où on pourra effectuer les contrôles.
Redoutez-vous les longues files d'attente de camions ?
On redoute toujours. Notre but, c'est bien de tout préparer et d'anticiper au maximum pour qu'il n'y ait pas ce phénomène. Le phénomène des semaines précédentes était dû quand même à des flux particulièrement importants comme on n'avait jamais vu pendant 3 à 4 semaines. On a essayé d'anticiper un petit peu tous les scénarios et d'aménager les infrastructures avec l'aide des opérateurs de telle façon qu'on est suffisamment de place et de temps pour que le flux vert s'écoule normalement et qu'on puisse traiter correctement le flux orange. Donc, je pense qu'on a mis raisonnablement toutes les chances de notre côté pour éviter, je ne vais pas dire jamais, ce genre de problème.
Rien d'autre à déclarer ?
Rien d'autre à déclarer. Une nuit calme. Notre système a parfaitement fonctionné. Il a bien discriminé des camions en orange et des camions en vert. Fluidité assurée pendant la nuit. Pour l'instant, tout fonctionne bien.
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