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De la nomination de Boris Johnson au désaveu de la Cour suprême : les derniers rebondissements du Brexit racontés en gifs

La Cour suprême britannique a jugé "illégale", mardi, la décision du Premier ministre Boris Johnson de suspendre le Parlement pendant cinq semaines, estimant qu'elle avait pour but d'empêcher son bon fonctionnement. 

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, lors d'une conférence de presse à Dublin (Irlande), le 9 septembre 2019. (LORRAINE O'SULLIVAN / AFP)

Plus la date du Brexit approche, plus les rebondissements sont spectaculaires. Mardi 24 septembre, la Cour suprême britannique a jugé illégale la suspension du Parlement, décidé à la fin du mois d'août par Boris Johnson. Les onze juges de la plus haute juridiction britannique ont jugé à l'unanimité "illégal, nul et non avenu" l'avis du Premier ministre demandant à la reine Elizabeth II de suspendre le Parlement pendant cinq semaines, jusqu'au 14 octobre, à deux semaines du Brexit.

Mais comment en sommes-nous arrivés là ? Franceinfo vous raconte en gifs les quelques semaines qui ont mené à ce coup de théâtre. 

24 juillet : Boris Johnson succède à Theresa May...

 

Elu à la tête du parti au pouvoir, le Parti conservateur, en remportant 66% des voix parmi les "Tories", Boris Johnson devient Premier ministre. Après l'échec de Theresa May, il promet de faire sortir le Royaume-Uni de l'Union européenne à la date prévue, soit le 31 octobre. Avec ou sans accord de sortie. 

... et nomme le Brexiter controversé Dominic Cummings comme conseiller 

Homme de l'ombre, stratège controversé, artisan de la campagne "Vote Leave"... Dominic Cummings devient le principal conseiller du Premier ministre, lequel s'entoure d'un gouvernement de Brexiters "durs". 

 

28 août : Surprise ! Le Premier ministre annonce "la prorogation" du Parlement  

 

Boris Johnson assomme les députés britanniques en annonçant la "prorogation" (en autre terme, la suspension) du Parlement entre le 9 septembre et le 14 octobre. Une telle suspension n'a rien d'exceptionnel, mais la durée de celle-ci, ainsi que le contexte dans lequel elle intervient, sont interprétés comme une manœuvre politique visant à museler la Chambre. 

28 août : les parlementaires (et leur chef, John Bercow) crient au coup d'Etat 

 

Cette procédure empêchera de fait les parlementaires de se réunir pour débattre du Brexit pendant les dernières semaines cruciales qui précèdent le sommet  européen des 17 et 18 octobre, consacré justement à la sortie du Royaume-Uni. Autant dire que la plupart d'entre eux sont plutôt remontés. 

31 août : les anti-Brexit descendent dans la rue

Dans tout le Royaume-Uni, les opposants à Boris Johnson (et en particulier les anti-Brexit) défilent en scandant "Stop the coup !" 

 

Fin août - 3 septembre : l'opposition à Boris Johnson s'organise

 

Les députés et les lords ne siègeront que pendant quelques jours : entre la rentrée parlementaire, le 3 septembre, et la prorogation, le 9. Résultat, le parti travailliste, le Lib-Dem, des "rebelles" du parti conservateur, hostiles à Boris Johnson, ainsi que des représentants des partis écossais (SNP) et gallois (Plaid Cymru) établissent une stratégie pour reprendre le contrôle du Parlement, afin de mettre à profit ces quelques jours de débat parlementaire pour rendre l'option du "no deal" illégale.

3 septembre : dès l'ouverture de la Chambre, un député Tory change de bord, arrachant la majorité au Premier ministre...

 

Alors que le Premier ministre prononce un discours devant les députés, le conservateur Phillip Lee rejoint les Lib Dems, le parti de centre droit de tradition europhile. Il fait ainsi basculer la majorité. 

... et les députés reprennent le contrôle du Parlement

 

L'union de l'opposition a marché. A 328 voix contre 301, les députés prennent le contrôle de l'ordre du jour. Ils débattront dès le lendemain d'une proposition de loi pour empêcher le "no deal".

Le soir même, les 21 Tories "rebelles" sont mis à la porte du parti 

 

Grand ménage dans le parti conservateur. Pour les punir d'avoir désobéi à la consignes de vote, les 21 députés conservateurs rebelles perdent l'investiture du parti. Parmi eux, des poids lourds et des figures historiques, comme l'ancien chancelier de l'échiquier Phillip Hammond, les anciens ministres de la Justice David Gauke et Alistair Burt, l'ex-ministre et plus ancien député conservateur de la Chambre Ken Clarke ou encore le petit-fils de Winston Churchill, Nicholas Soames. 

4 septembre : pendant ce temps, la militante Gina Miller demande à un tribunal d'étudier la légalité de la suspension du Parlement

 

Outre le volet politique, un volet constitutionnel s'ouvre dans le dossier du Brexit. Le Royaume-Uni ne disposant pas de Constitution écrite, les anti-Brexit espère convaincre les tribunaux de l'illégalité de la manœuvre de Boris Johnson. 

4 septembre : les députés de l'opposition font adopter leur loi anti-"no deal" 

 

Mission accomplie pour les parlementaires opposés à Boris Johnson. Après la perte du contrôle sur le Parlement, Boris Johnson essuie son deuxième gros revers parlementaire en moins de 24 heures. En vertu de cette loi, écrite, débattue et adoptée à la hâte, il devra, s'il n'obtient pas d'accord avec les partenaires européens d'ici au 19 octobre, demander un nouveau report du Brexit, au 20 janvier 2020. 

4 septembre : en réponse, "Boris" propose des élections anticipées 

 

Le Premier ministre refuse de s'annoncer vaincu et réplique en proposant aux députés de voter pour la tenue d'élections générales anticipées. N'ayant pas de majorité, il est assuré de perdre, mais qu'importe...

Ses adversaires sont dispersés entre plusieurs partis qui ne parviennent pas à se mettre d'accord sur la marche à suivre (par exemple, le parti travailliste refuse de se positionner comme un parti anti-Brexit, contrairement aux Lib Dems). Or, Johnson pense pouvoir rassembler tous les pro-Brexit sur la promesse d'une sortie rapide de l'UE et ainsi l'emporter, retrouvant une belle majorité au Parlement.

4 septembre : sans surprise, les députés rejettent cette proposition

 

Et hop, une nouvelle gifle pour le Premier ministre. 

5 septembre : le frère de Boris Johnson, Jo, démissionne du gouvernement

 

"Ces dernières semaines, j'ai été tiraillé entre la loyauté familiale et l'intérêt national", explique sur Twitter le frère du Premier ministre. Les commentateurs politiques s'amusent : "C'est la première fois qu'un homme politique démissionne pour passer moins de temps avec sa famille."

5 septembre : Boris Johnson assure qu'il ne demandera pas de nouvelle extension

 

Si aucun accord n'est trouvé, Boris Johnson devra, en vertu de la nouvelle loi votée par les députés, demander une nouvelle extension de l'article 50 (soit un nouveau report de la date du Brexit) aux partenaires européens. Mais à l'occasion d'une conférence de presse, le Premier ministre assure qu'il ne respectera pas la loi fraîchement votée par les députés : "Plutôt crever la gueule ouverte".  

6 septembre : un tribunal londonien rejette le recours de Gina Miller 

Mais cette dernière et ses alliés décident de porter son combat devant la Cour suprême. 

 

Du 6 au 15 septembre : le Premier ministre martèle que les négociations avec Bruxelles avancent bien...

 

... mais à Bruxelles, on dit précisément le contraire

 

A Bruxelles, les sorties fleuries de Boris Johnson ne font rire personne. Les négociateurs s'exaspèrent face à ce "feuilleton sans fin"

16 septembre : Boris Johnson rencontre ses partenaires européens... mais refuse de participer à une conférence de presse commune

 

Boris Johnson n'a pas réussi à convaincre l'UE, restée sur sa faim après un déjeuner entre le Premier ministre britannique et le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui exige des propositions concrètes de Londres sur le problème sensible de la frontière nord-irlandaise, à six semaines du divorce. A l'issue de discussions, Boris Johnson a esquivé une conférence de presse prévue aux côtés du Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel.    

24 septembre : la Cour suprême déclare que la prorogation de Boris Johnson est illégale 

 

Le 11 septembre, un tribunal écossais avait déjà assuré que la suspension du Parlement était illégale. Mais cette décision de la Cour suprême donne un argument inédit à ceux qui réclament la démission du Premier ministre.  

24 septembre : John Bercow appelle les députés à tenir séance dès le lendemain

 

Fini donc la "prorogation" ! La rentrée des classes aura lieu dès le lendemain. 

24 septembre : les opposants à Boris Johnson pensent l'avoir achevé...   

 

... mais "Boris" dit ne pas être d'accord avec le jugement de la Cour suprême...

 

... et demande à nouveau de nouvelles élections

 

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