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Brexit : la suite des discussions entre l'UE et le Royaume-Uni s'annonce "compliquée"

Catherine Mathieu, économiste, a expliqué, vendredi sur franceinfo, que la question qui préoccupe le plus les Britanniques concerne le commerce avec les pays de l'Union européenne, alors que la première phase des négociations s'est soldée par un accord sur les frontières notamment.

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L'Union européenne et le Royaume-Uni se sont mis d'accord, vendredi 8 décembre 2017, sur la première phase des négociations du Brexit. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

L'Union européenne et le Royaume-Uni se sont mis d'accord, vendredi 8 décembre, sur la première phase des négociations du Brexit mais la suite des discussions s'annonce "compliquée", a prévenu, sur franceinfo, Catherine Mathieu, économiste au département analyse et prévision de l’OFCE.

"La question la plus importante pour les Britanniques est la question du futur accord commercial qu'il y aura entre le Royaume-Uni et les autres pays de l'Union européenne", a décrypté la spécialiste du Royaume-Uni et du commerce international. Les discussions, qui ont eu lieu vendredi, concernaient la gestion de la frontière entre l'Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, le règlement financier de la séparation avec l'Union européenne et les droits des citoyens expatriés.

franceinfo : Comment va se passer la deuxième phase de négociations du Brexit ?

Catherine Mathieu : Elle va être compliquée, parce qu'aujourd'hui il y a un accord sur les trois points principaux. Mais la question la plus importante pour les Britanniques est la question du futur accord commercial qu'il y aura entre le Royaume-Uni et les autres pays de l'Union européenne. Une grande phase de négociations va s'ouvrir maintenant sur les conditions de commerce, de services financiers entre le Royaume-Uni et l'Union européenne. Cet accord sera probablement assez difficile à obtenir.

Quelle est l'ambition du Royaume-Uni ?

Le Royaume-Uni aimerait continuer à garder un accès très simple au marché de l'Union européenne et continuer à commercer, comme aujourd'hui, sans droits de douane, sans barrière réglementaire, sans barrière non réglementaire. Jusqu'à présent, les pays de l'Union européenne à 27 disent au Royaume-Uni : "Puisque vous choisissez de quitter l'Union européenne, vous ne pouvez pas garder l'accès au marché unique."

Theresa May va essayer d'obtenir un accord qui permette d'échanger le plus simplement possible, sans avoir les statuts de la Norvège ou de la Suisse, qui sont des statuts beaucoup plus contraignants.

Catherine Mathieu, économiste

à franceinfo

Le Royaume-Uni va-t-il accepter le même statut qu'un pays tiers ?

Les Britanniques ont été clairs sur le fait qu'ils souhaitent avoir un accord spécial avec l'Union européenne. "Aucun accord existant", a dit Theresa May. Elle veut un accord sur mesure qui permette au Royaume-Uni d'échanger librement avec les autres pays de l'Union européenne. L'accord le plus proche serait du style de celui que le Canada a obtenu mais le Royaume-Uni a des échanges qui sont bien plus importants avec l'Union européenne que le Canada. Il a un excédent de services financiers avec l'Union européenne. Il a un déficit extérieur très fort en matière de marchandises et c'est un partenaire commercial très important pour les pays de l'Union européenne. Il y a donc des enjeux qui sont beaucoup plus importants en termes économiques qu'avec le Canada.

Les enjeux autour de la frontière avec l'Irlande étaient très clairs. La réponse est-elle à la hauteur ?

Les réponses restent floues parce que cette question est vraiment terriblement compliquée. À la fois du côté britannique et du côté européen, on souhaite maintenir la paix en Irlande. L'absence d'une frontière physique est un élément très important de cette paix. Or, si le Royaume-Uni quitte l'Union européenne et qu'il n'a plus accès au marché unique européen, il y aura nécessairement des frontières qui seront mises en place. Cela poserait un grand problème pour l'Irlande du Nord et la République d'Irlande. Il faut donc trouver une solution inventive, nous disent les négociateurs britanniques. Aujourd'hui, on a essayé de faire en sorte de trouver une formulation qui ne fâche personne mais en pratique on n'a pas la réponse à la façon dont les échanges se feront en Irlande lorsque le Royaume-Uni sortira de l'Union européenne. Une solution simple serait que le Royaume-Uni reste membre du marché unique.

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