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Brexit : Justice, Défense, Affaires étrangères... Voici les 19 ministres qui ont démissionné depuis le début de la crise

Amber Rudd, l'ancienne ministre du Travail, est la dernière d'une longue liste de ministres ou secrétaires d'Etat qui ont quitté le bateau ivre du gouvernement depuis le 12 juin 2018.

Article rédigé par franceinfo
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Combinaison de captures d'images filmées par le Parlement. Steve Baker, Esther McVey, Boris Johnson, Dominic Raab, David Davis, Shailesh Vara, Guto Bebb, Sam Gyimah,Suella Braverman et Jo Johnson (de gauche à droite et de haut en bas) font partie des ministres ou des secrétaires d'Etat à avoir quitté le gouvernement britannique en raison de désaccords sur le Brexit (HO / PRU)

Le Brexit n'en finit pas de polluer la vie politique britannique. Un nouveau désaccord sur la sortie de l'Union européenne a poussé, samedi 7 septembre, la ministre du Travail, Amber Rudd, a claqué la porte du gouvernement de Boris Johnson, de plus en plus englué dans la crise.

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Franceinfo revient sur la longue liste de tous les ministres et secrétaires d'Etat qui ont démissionné, parfois par vagues, en raison de désaccords sur le Brexit. 

1Phillip Lee, ministre de la Justice (le 12 juin 2018)

C'est parce qu'il est un intime de Theresa May qu'il avait accepté de rejoindre son gouvernement. Un poste de ministre de la Justice qu'il quitte, à contrecœur, le 12 juin 2018 pour marquer son désaccord avec la volonté de son pays de quitter l'Union européenne (UE). Il est persuadé que sortir de l'UE sera "un désastre" pour son pays. Deux ans plus tôt, il avait fait campagne pour le maintien dans l'UE, rapporte Challenges. "La raison pour laquelle je prends cette décision maintenant tient à la procédure du Brexit et à la volonté du gouvernement de limiter le rôle du Parlement dans la contribution au résultat final lors d’un vote qui doit avoir lieu aujourd’hui", explique Phillip Lee, le jour de sa démission.

2David Davis, secrétaire d'Etat au Brexit (le 8 juillet 2018)

David Davis, ancien secrétaire d'Etat au Brexit, arrive à Downing Street le 02 September, 2019 à Londres. (WIKTOR SZYMANOWICZ / NURPHOTO / AFP)

Opposé au Brexit, le secrétaire d'Etat quitte son poste deux jours après l'annonce par Theresa May du "plan de Chequers", du nom de la résidence secondaire de la Première ministre où il a été décidé, censé tracer une ligne directrice pour les négociations avec l'UE. Elle assure que le gouvernement s'est "mis d'accord sur une position commune pour l'avenir de nos négociations avec l'UE". Une phrase qui ne passe pas pour David Davis qui craint que "l'approche des négociations" du Royaume-Uni ne mène à de "nouvelles demandes de concessions" de la part de l'UE, explique Sky.

3Steve Baker, ministre du Brexit (le 8 juillet 2018)

Steve Baker, l'ancien ministre du Brexit, le 23 juillet 2019 à Londres. (ISABEL INFANTES / AFP)

Le ministre en charge de la sortie de l'UE quitte son poste, lui aussi, juste après l'annonce de l'adoption du "plan de Chequers" par Theresa May. "Je ne peux pas soutenir cette politique avec la sincérité et la détermination qui seront nécessaires", se justifie-t-il.

4Boris Johnson, ministre des Affaires étrangères (le 9 juillet 2018)

  (- / PRU)

Personnalité forte du gouvernement de Theresa May, Boris Johnson démissionne au lendemain des départs de Steve Baker et David Davis. Partisan d'un Brexit dur, l'annonce du "plan de Chequers" est un camouflet pour l'ancien maire de Londres qui redoute un "Brexit doux". Son rêve de Brexit "est en train de mourir", avance-t-il dans une lettre (en anglais).

5Guto Bebb, secrétaire d'Etat à la Défense (le 16 juillet 2018)

Guto Bebb, ancien secrétaire d'Etat à la Défense, à Londres le 4 septembre 2019. (ISABEL INFANTES / AFP)

Une semaine après, Theresa May enregistre un nouveau départ. Guto Bebb, europhile, quitte le gouvernement après la validation du projet de loi sur le fonctionnement des douanes après le Brexit. Selon lui, la Première ministre a fait des concessions inacceptables aux eurosceptiques. Il lui reproche notamment de ne pas avoir tenu ses promesses.

6Jo Johnson, secrétaire d'Etat aux Transports (le 9 novembre 2018)

Jo Johnson, photographié à Londres, le 28 août 2019. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

Contrairement à son frère Boris, Jo Johnson avait fait campagne pour le "remain" en 2016 affichant son hostilité au Brexit. Par la suite, il avait surtout milité pour éviter une sortie sans accord. Il quitte son poste en novembre 2018 arguant que le Royaume-Uni était "en train de se préparer à un divorce incohérent". Il appelle à un nouveau référendum sur les conditions définitives du Brexit.

7Shailesh Vara, secrétaire d'Etat pour l'Irlande du Nord (le 15 novembre 2018)

Le 13 novembre, un projet d'accord pour préparer la sortie de l'UE entre les négociateurs britanniques et européens est trouvé. Il aborde notamment l'épineuse question de la frontière physique entre les deux Irlandes. Un accord que ne peut accepter Shailesh Vara, anti-Brexit, alors secrétaire d'Etat pour l'Irlande du Nord. Cet accord de 585 pages, selon lui, "laisse le Royaume-Uni dans un entre-deux, sans date limite pour déterminer quand nous serons enfin une nation souveraine (...) Cet accord ne permet pas au Royaume-Uni d'être un pays souverain, indépendant", écrit-il dans une lettre publiée sur son compte Twitter.

8Dominic Raab, secrétaire d'Etat à la Sortie de l'Union européenne (le 15 novembre 2018)

Dominic Raab, ancien ministre du Brexit arrive au 10 Downing Street à Londres le 5 septembre 2019. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

Le poste exposé de ministre du Brexit confirme sa réputation de siège ejectable. Dominic Raab, pro-Brexit, quitte ses fonctions pour montrer sa désapprobation avec le projet d'accord. "Je ne peux pas concilier les termes de l'accord proposé avec les promesses que nous avons faites au pays dans notre manifeste lors des dernières élections", avance-t-il sur Twitter. Il revient dans le gouvernement de Boris Johnson comme Premier secrétaire d'Etat et secrétaire d'Etat des Affaires étrangères le 24 juillet 2019.

9Esther McVey, secrétaire d'Etat au Travail et aux Retraites (le 15 novembre 2018)

Esther McVey, ancienne ministre du Travail et des Retraites arrive au 10 Downing Street à Londres le 25 juillet 2019. (ISABEL INFANTES / AFP)

Le même jour, toujours pour dénoncer ce projet d'accord et toujours sur Twitter, la ministre du Travail, Esther McVey, annonce à son tour son départ. "L'accord que vous avez présenté hier au Cabinet n'honore pas le résultat du référendum" de juin 2016, où 52% de Britanniques s'étaient prononcés pour la sortie de l'UE, assure-t-elle. Sky rapporte que cette farouche opposante à l'accord aurait eu une sévère dispute avec Theresa May à ce propos. Elle fait elle aussi son retour dans le gouvernement de Boris Johnson le 24 juillet 2019 en tant que ministre d'Etat au Logement et à la Planification.

10Sam Gyimah, ministre des Sciences et des Universités (le 30 novembre 2018)

Ancien secrétaire d'Etat aux universités, Sam Gyimah a annoncé sa candidature pour succéder à Theresa May comme chef du Parti conservateur, le 2 juin 2019.  (ROB PINNEY / AP / SIPA)

La dernière démission de 2018 est celle de Sam Gyimah. Cet anti-Brexit veut marquer sa désapprobation à l’égard de l’accord négocié par Theresa May avec l’Union européenne. Avec cet accord, le Royaume-Uni a "renoncé à [sa] voix, [son] vote et [son] droit de veto", déclare-t-il sur sa page Facebook. Comme Jo Johnson, il milite pour un nouveau référendum.

11George Eustice, ministre de l'Agriculture (le 28 février 2019)

 George Eustice, ancien ministre de l'Agriculture, à Londres le 20 août 2019. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

George Eustice s'en va pour dénoncer la possibilité envisagée par le gouvernement d'un report du Brexit. "J'ai décidé de démissionner du gouvernement à la suite de la décision cette semaine de permettre le report de notre sortie de l'UE, écrit-il dans une lettre adressée à la Première ministre, Theresa May. Je voterai pour votre accord de retrait lorsqu'il sera de nouveau présenté à la Chambre."

12Sarah Newton, ministre du Travail
(le 13 mars 2019)

Sarah Newton a démissionné après avoir voté contre la possibilité d'un Brexit sans accord, un "no deal". Un amendement proposait d’enjoindre au gouvernement de renoncer "quoi qu’il arrive" à un divorce sans accord. La ministre a refusé de voter contre ce nouveau texte, alors que c'était la consigne donnée par son gouvernement.

13Alistair Burt, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères (le 25 mars 2019)

Alistair Burt, ancien secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, à Ankara (Turquie) le 23 mars 2018. (GUVEN YILMAZ / ANADOLU AGENCY)

Nouvelle vague de démissions le 25 mars. Ce jour-là, les députés britanniques votent un amendement leur permettant de reprendre le contrôle du processus de Brexit. Cet amendement, adopté à une courte majorité (329 voix, contre 302), permettait aux parlementaires d'organiser une série de votes indicatifs sur la forme que doit prendre la sortie de l'UE. Alistair Burt est le premier à quitter le navire.

14Richard Harrington, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères (le 25 mars 2019)

Richard Harrington emboîte le pas d'Alistair Burt et quitte son poste pour les mêmes raisons. Dans sa lettre de démission, il reproche au gouvernement de jouer "à la roulette" avec "les vies et les moyens de subsistance de la grande majorité de notre peuple" du fait de son "échec à garantir un accord" de sortie, rapporte L'Express

15Chris Heaton-Harris, secrétaire d'Etat au Brexit (le 3 avril 2019)

Chris Heaton-Harris (à gauche), ancien secrétaire d'Etat au Brexit, et Stephen Barclay, l'actuel secrétaire d'État au Brexit à Londres le 21 novembre 2018. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

Nouveau départ dans ce ministère stratégique. Chris Heaton-Harris quitte son poste en désaccord avec la demande par Theresa May d'un nouveau report de la sortie de l'Union européenne, prévue initialement le 29 mars et repoussée au 12 avril. "J'ai constamment voté au Parlement pour que nous quittions l'Union européenne le 29 mars. Je crois profondément que nous aurions dû honorer le résultat du référendum de 2016 et partir à cette date", écrit-il dans sa lettre de démission, publiée sur Twitter. Il revient au gouvernement le 25 juillet 2019 comme ministre des Transports de Boris Johnson.

16Nigel Adams, secrétaire d'Etat au pays de Galles (le 3 avril 2019)

Extrait vidéo d'une séquence diffusée par le Parlement de l'ancien ministre du Pays de Galles s'exprimant à la Chambre des communes à Londres, le 3 avril 2019.  (HO / PRU)

Plus tôt dans la journée du 3 avril, Nigel Adams annonce lui aussi sa démission. Pour lui, cette demande de report est une "grave erreur". Il reproche aussi à la Première ministre sa rencontre avec Jeremy Corbyn, le chef de l'opposition travailliste, pour tenter de trouver une solution pour un accord. "Il semble maintenant que vous et votre cabinet avez décidé qu'un accord – concocté avec un marxiste qui n'a jamais mis les intérêts britanniques au premier plan de sa vie politique – est préférable à l'absence d'accord", écrit-il dans sa lettre de démission.

17Theresa May, Première ministre (le 7 juin 2019)

Theresa May en conférence de presse à Berlin, le 16 février 2018. (MAURIZIO GAMBARINI / DPA/AFP)

Le 24 mai, l'inéluctable se produit. Theresa May annonce sa démission. Acculée, pressurée de tous les côtés, usée par ce casse-tête du Brexit, la Première ministre renonce finallement face à ses échecs répétés pour faire ratifier un accord sur la sortie de l'Union européenne. Sa démission est officialisée le 7 juin. Boris Johnson, lui, succède le 24 juillet.

18Jo Johnson, ministre d'Etat des Universités, de la science, de la recherche (le 5 septembre 2019)

Jo Johnson, le frère de Boris Johnson, le 20 juin 2019 à Londres. (BEN STANSALL / AFP)

Revenu au gouvernement avec son frère, Jo Johnson annonce, jeudi 5 septembre, sa démission du gouvernement"Ces dernières semaines, j'ai été tiraillé entre la loyauté familiale et l'intérêt national – c'est une tension insoluble et il est temps pour d'autres d'assumer mes rôles de député et de membre du gouvernement", a tweeté Jo Johnson, favorable à un deuxième référendum sur le Brexit, alors que son frère veut une sortie de l'Union européenne au plus vite.

19Amber Rudd, ministre du Travail (le 7 septembre 2019)

La ministre britannique Amber Rudd quitte son cabinet, le 3 septembre 2019 à Londres. (NIKLAS HALLE'N / AFP)

Amber Rudd est donc la dernière (pour l'instant) de cette liste. La ministre du Travail et des Retraites britannique a annoncé sa démission samedi. "Je ne peux pas rester alors que des bons et loyaux conservateurs modérés sont exclus", a-t-elle déclaré dans un communiqué, en référence à l'exclusion du Parti conservateur de 21 députés qui ont voté cette semaine avec l'opposition, une proposition de loi destinée à éviter un Brexit sans accord.

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