La folle journée au Parlement de Kiev

Des membres des Femen, mouvement féministe ukrainien, ont ainsi fait le siège du Parlement, bravant la neige dans leur nudité pour protester contre la corruption des députés. Les jeunes militantes n’ont toutefois pas eu le temps d’attraper froid : elles ont été arrêtées, alors qu’elles tentaient d’enjamber la clôture de l’édifice.
 
Elles donnent le ton de la journée
Une bagarre générale entre élus a eu lieu dès l’ouverture des débats à l’Assemblée. Une première session, dans sa nouvelle configuration après les législatives du 28 octobre 2012, à marquer d’une pierre blanche.
 
Dans l'hémicycle, des députés de l'opposition du mouvement nationaliste Svoboda, qui reprochaient à deux de leurs collègues d'avoir rejoint les forces pro-gouvernementales de Viktor Ianoukovitch, les ont pris à partie. Voulant ainsi les empêcher de prêter serment en faveur de la reconduction au poste de Premier ministre de Mykola Azarov, un fidèle de Ianoukovitch, qui a démissionné début décembre avec son gouvernement. 

Les opposants de l’Alliance Batkivchtchina (Patrie), ceux du parti du boxeur Vitali Klitschko et ceux de Svoboda, formations qui comptent près d’un tiers des sièges, ont refusé de voter pour Azarov, reconduit à son poste le lendemain, lors d'une autre session toujours aussi houleuse comme le montre la vidéo ci-dessous.

Et, en signe de protestation contre l’emprisonnement de l'ex-Première ministre Ioulia Timochenko, les élus de l’Alliance Batkivchtchina ont marqué le coup en portant un pull noir avec, d’un côté, le portrait de leur blonde égérie et, de l’autre, l'inscription : «Liberté pour les prisonniers politiques».
 
Condamnée en 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir, l'ancienne leader de la Révolution Orange (2004) comparaît également pour fraude fiscale et figure comme témoin dans une affaire de meurtre datant de 1986. Ces poursuites ont provoqué une grave crise entre l'Ukraine et les Occidentaux. En signe d’opposition, les Etats-Unis ont annulé le 10 décembre 2012 le visa d'un haut magistrat ukrainien, considéré comme un acteur clef de la mise sous les verrous de la passionaria.
 
Le chahut ne s’est pas arrêté là
Plus tard, les députés de Svoboda ont scié une partie de la clôture autour du Parlement pour permettre à la foule d’y entrer. Bilan : des heurts entre les manifestants agglutinés devant les grilles et le cordon de sécurité policier voulant les empêcher de passer. 

 
Ce 12 décembre mouvementé au Parlement de Kiev n'est que la énième journée parlementaire sous tension de cette ex-République soviétique en proie depuis une dizaine d'années aux violences entre les camps opposés.