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La belle réussite polonaise va-t-elle durer ?

Les performances économiques de la Pologne, avec notamment une croissance prévue à 2,5% en 2012, en font le bon élève de l'Europe. Le pays est pourtant la cible de l'OCDE qui souhaite une libéralisation accrue de son économie qui pourrait fléchir ces prochaines années.
Article rédigé par Jean-Claude Rongeras
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Varsovie, le 13 avril 2012, aux alentours du stade national qui accueille en juin le championnat d'Europe de football. (AFP/EKATERINA NOVIKOVA/RIA NOVOSTI)

L’Europe, atout majeur pour la Pologne
Grâce notamment à une forte demande intérieure de ses 38 millions d’habitants, la Pologne est le pays de l’UE qui a le mieux traversé la crise économique. Elle est la championne d’Europe de la croissance, même si la dette publique qui se monte à 5,6 % du PIB doit être ramenée à 3% en 2013.

Arrivé au pouvoir en 2007, Donald Tusk, le Premier ministre issu du parti de centre-droit la Plateforme civique, a été reconduit en 2011. Il est à l'origine d'une formule illustrant son pays : «Tant que nous aurons plus d’Europe, nous aurons moins de crise».

Bénéficiant des fonds structurels européens (67 milliards d’euros de 2007 à 2013) pour moderniser son économie, notamment les infrastructures, la Pologne est devenue une fervente partisane de l’Union européenne. Varsovie a su établir d’excellentes relations avec Berlin, les deux pays arguant de la nécessité de la rigueur pour lutter contre les déficits.

Europe toujours, avec le championnat d'Europe de football en juin 2012. Les retombées des dépenses d'investissement de quelque 10 milliards de dollars devraient accroître le PIB en 2012.

 

L'innovation des PME à la base de la croissance polonaise
 


AFP, le 3 octobre 2011

 

Dettes, Varsovie favorable à des mesures drastiques
Radek Sikorsky, le ministre polonais des Affaires étrangères, a été jusqu'à émettre l’idée que «la souveraineté doit être liés aux comptes publics», la crédibilité financière devenant un indicateur de force nationale. La preuve : en 1994, les obligations d’Etat rapportaient un intérêt de 16% alors qu’en février 2012, ces titres polonais étaient émis avec un taux de 4,8%. 

Pour accroître ses performances économiques, Varsovie a su jouer ces dernières années de la politique de change flottant du zloty. Ce dernier a perdu 13% de sa valeur par rapport à l’euro, ce qui a permis à l’industrie polonaise de continuer à exporter.

Le développement ne profite pas à tout le monde
Pourtant, les prochaines années n’offriront peut-être pas un visage aussi souriant. Si 80% des Polonais se sont dit heureux en 2011, le chômage touche 25% des jeunes et les emplois précaires sont souvent la norme. La Pologne reste un pays pauvre par rapport à la moyenne européenne : le salaire moyen était de 800 euros en 2010.

L'écart entre riches et pauvres est grandissant. Et des périls apparaissent : les exportations peuvent se contracter en raison d‘un manque de débouchés, les investissements étrangers risquent de décroître...

Le libéralisme tisse ses liens
L’OCDE, qui félicite Varsovie pour son beau parcours, l’appelle à des changements de nature libérale. L’objectif est une réduction des dépenses budgétaires en baissant, entre autres, les dépenses fiscales, en réformant les régimes de sécurité sociale et du marché du travail.

En avril 2012, Donald Tusk a donné son aval à un recul progressif de l’âge de la retraite à 67 ans pour les hommes et à 65 ans pour les femmes – contre 60 ans à l’heure actuelle. Le parlement doit encore voter sur le texte qui rencontre une forte opposition.

Le gouvernement espère également privatiser quelque 300 entreprises d’ici 2013 pour encaisser 3,6 milliards d’euros.  


Ouvriers chinois travaillant à Zyrardow, sur la route Varsovie-Berlin, le 23 mai 2011. (AFP/JANEK SKARZYNSKI)

 

La question énergétique : un dossier brûlant
Pour affronter les défis économiques, la Pologne doit mettre son appareil de production énergétique aux normes européennes. En 2009, les centrales à charbon produisaient 93% de l'électricité. Résultat, la Pologne est le pays d'Europe qui produit le plus de CO2. Pour diminuer cette pollution, Varsovie compte construire deux centrales nucléaires à objectif 2030, tout en se lançant sans état d'âme dans  l'exploitation du gaz de schiste.

L'OCDE plaide, elle, pour un fort développement des énergies renouvelables. En 2009, l'éolien atteignait 1,3% de la production énergétique du pays, et l'énergie verte devrait atteindre 15% en 2020. Ces investissements devraient créer de 30.000 à 40.000 emplois. 

Redistribution des cartes politiques ?
Si la Pologne, ancien pays du bloc de l'Est, s'est parfaitement intégrée à l’économie européenne, Donald Tusk ne profite plus de la moisson de bons résultats et a subi une forte chute dans les sondages. L’une des raisons est l’apparition du mouvement Palikot, qui a obtenu 10,02% lors des dernières élections législatives.

A l’origine du petit séisme, Janusz Palikot, un homme d’affaires avide de popularité qui compare les grands partis polonais, le PO et le PiS (Droit et Justice) à «deux dinosaures de la politique». Son discours iconoclaste séduit une partie de la jeunesse ouverte sur l’Ouest et qui prône l'affaiblissement du rôle de l’Eglise et de la bureaucratie.

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