La Belgique replonge dans la crise politique
Il y a cinq mois, au cœur de l'été, la Belgique espérait tourner la page d'une crise institutionnelle ouverte un an plus tôt. Après un ultime psychodrame, Yves Leterme acceptait de rester au poste de premier ministre. Nommé en mars, il avait déjà présenté sa démission face à la menace d'éclatement du pays. Ce que le roi avait refusé.
_ La Belgique était resté quasiment sans gouvernement pendant plusieurs jours. Mais ce qui était encore possible cet été ne l'est plus, alors que l'environnement politique et économique a radicalement changé. La crise est passée par là. Et un nouveau blocage institutionnel serait autrement plus délicat à gérer.
Sur le bureau du premier ministre s'accumulent les dossiers urgents. Pas question d'attendre pour boucler un plan de relance de deux milliards d'euros qui était dans les tuyaux au moment où cette nouvelle crise politique a éclaté. Pas question d'attendre pour trouver un accord sur les salaires, alors que la question du pouvoir d'achat provoque des manifestations. Pas question d'attendre enfin pour régler le dossier du sauvetage la banque Fortis, qui a provoqué la démission du gouvernement. Autant de dossiers cousus sur une trame de récession.
Le roi hésite
Les consultations se sont donc multipliées tout le week-end, depuis la démission d'Yves Leterme et de son gouvernement vendredi.
La première hypothèse, peu probable, mais qui a les faveurs du roi Albert II, c'est... Yves Leterme premier ministre. Le roi n'a toujours pas fait savoir s'il acceptait ou non la démission de ce premier ministre si difficile à trouver au mois de mars. Mais l'intéressé répète qu'il ne reviendra pas tant qu'il n'aura pas été lavé de tout soupçon de pression sur la justice pour faire passer son plan de sauvetage de la banque Fortis. Etant donné qu'il est mis en cause par la plus haute juridiction du pays, l'écheveau n'est pas en passe de se dénouer rapidement.
D'autres hypothèses sont entre les mains des chrétiens-démocrates, principale formation politique du pays, dont Yves Leterme est issu. Sa présidente a été reçue par le roi dimanche soir. Comme personne ne souhaite en arriver à des législatives anticipées, qui devraient avoir lieu sous 40 jours, chacun cherche un nom pour limiter l'opération à un remaniement ministériel. Le roi n'a d'ailleurs reçu que les chefs des cinq partis au pouvoir, ce qui laisse penser que la coalition actuelle serait reconduite.
L'hypothèse Jean-Luc Dehaene
Parmi les candidats possibles au poste, difficile de dire pour l'instant qui tient la corde. Dans les couloirs du palais du Belvédère bruissent les rumeurs comme celle du retour de Jean-Luc Dehaene, 68 ans, ancien premier ministre. Il a été nommé président du groupe franco-belge Dexia, pris dans la tourmente financière, en octobre dernier.
_ Le président de la chambre basse du parlement, Herman Van Rompuy, 61 ans a été cité à plusieurs reprises, ainsi que Marianne Thyssen, patronne des chrétiens démocrates. Mais un inconnue de taille demeure : combien de temps faudra-t-il pour qu'un capitaine reprenne la barre ?
Grégoire Lecalot, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.