Cet article date de plus de neuf ans.
La Belgique au centre du trafic d’armes en Europe?
D’où viennent les armes qui ont servi lors des évènements terroristes en France en 2015, les attaques du 13 novembre 2015, celles contre Charlie et l’Hyper Casher de la porte de Vincennes à Paris en janvier 2015, ainsi que l’attentat raté contre le Thalys en août ? La Belgique est souvent évoquée comme provenance au moins partielle. Ce pays est-il vraiment un centre du trafic d’armes en Europe ?
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Temps de lecture : 4min
Article initialement publié le 2 septembre 2015
«Je ne crois pas que Bruxelles est le seul endroit où des armes comme les Kalachnikovs sont trafiquées. Néanmoins, il est vrai qu’à Bruxelles, il semble y avoir un commerce noir assez florissant», a déclaré sur France 3 le ministre belge de la Justice, Koen Geens (vidéo visible sur le site de francetvinfo). On notera le «il semble que», plutôt curieux dans la bouche d’un ministre…
Bruxelles, et donc la Belgique, serait le centre d’un tel marché noir en raison de leur «position centrale au cœur de l’espace Schengen», explique Le Point. «Ce pays européen est apparu de manière récurrente, lors du traitement (…) d'affaires liées au terrorisme, comme une plaque tournante du trafic d'armes», confirme le site marocain Le360.
L’une des principales raisons de ce trafic, «c’est la présence d’organisations mafieuses issues des diasporas tchétchène, albanaise et albano-kosovare. Comme il existe des rivalités entre ces groupes, ils font venir des armes de leur pays d’origine, où on en trouve beaucoup. Le but est de protéger leur économie clandestine, notamment la prostitution et la drogue. Et ils en profitent pour en faire un commerce», a expliqué à La Voix du Nord Jean-Charles Antoine, chercheur à l’université Paris VIII. De fait, confirme un syndicaliste policier, «les armes transitent quasi librement des anciens pays du bloc de l’Est». Pour autant, elles circuleraient via des «trafics de fourmis», «ramenées à la commande, en relativement petites quantités», selon le journaliste en criminologie Jérôme Pierrat, cité par L’Obs.
Armes faciles d’accès et bon marché ?
Ces trafics s’étendraient notamment à la France où le phénomène semble monter en puissance. Ainsi, dans la région Nord-Pas-de-Calais, policiers et spécialistes constatent depuis plusieurs années une circulation plus importante des armes à feu, utilisées de plus en plus par des petits délinquants. C’est ce que semblent montrer des faits-divers sanglants, comme celui d’un étudiant de 20 ans grièvement blessé par balles en pleine rue à Lille en janvier 2014. Les «équipements» les plus répandus seraient d’abord la kalachnikov. Mais l’on trouverait aussi des fusils mitrailleurs, des uzis…
Ces équipements sont achetés «en Belgique», affirme le syndicaliste policier cité plus haut. Là, les armes seraient faciles d’accès. Et bon marché. Selon Le360 et francetvinfo, une kalachnikov coûterait entre 1000 et 2000 euros. «Il suffirait d’avoir les bonnes connexions entre les réseaux djihadistes et les trafiquants d’armes croates», assure (toujours au conditionnel) le site marocain. Actuellement, on compterait 900.000 armes dans le royaume pour une population de 11 millions d’habitants. Un tiers ne serait pas enregistré.
Et qu’en disent les Belges ? On a déjà vu plus haut ce qu’en dit à demi-mot le ministre belge de la Justice. «Oui, nous avons clairement un marché noir à Bruxelles. Il y a un trafic. C’est certain. Mais ce n’est pas le seul en Europe», a expliqué à Paris Match Nils Duquet, chercheur à l’Institut flamand de la paix. «Nous avons différentes manières de faire dans chaque pays. Nous avons une zone Schengen, où nous pouvons facilement passer d’un pays à l’autre sans contrôles frontaliers. Beaucoup de criminels profitent de cette situation», ajoute-t-il.
A l’écouter, la mauvaise image de la Belgique «vient du passé. Avant, c’était facile pour les criminels d’acheter des armes légalement (dans ce pays) et (de les) apporter dans leur propre pays illégalement. Depuis 2006, la législation est beaucoup mieux encadrée. Juridiquement, nous sommes au point» outre-Quiévrain.
«Je ne crois pas que Bruxelles est le seul endroit où des armes comme les Kalachnikovs sont trafiquées. Néanmoins, il est vrai qu’à Bruxelles, il semble y avoir un commerce noir assez florissant», a déclaré sur France 3 le ministre belge de la Justice, Koen Geens (vidéo visible sur le site de francetvinfo). On notera le «il semble que», plutôt curieux dans la bouche d’un ministre…
Bruxelles, et donc la Belgique, serait le centre d’un tel marché noir en raison de leur «position centrale au cœur de l’espace Schengen», explique Le Point. «Ce pays européen est apparu de manière récurrente, lors du traitement (…) d'affaires liées au terrorisme, comme une plaque tournante du trafic d'armes», confirme le site marocain Le360.
L’une des principales raisons de ce trafic, «c’est la présence d’organisations mafieuses issues des diasporas tchétchène, albanaise et albano-kosovare. Comme il existe des rivalités entre ces groupes, ils font venir des armes de leur pays d’origine, où on en trouve beaucoup. Le but est de protéger leur économie clandestine, notamment la prostitution et la drogue. Et ils en profitent pour en faire un commerce», a expliqué à La Voix du Nord Jean-Charles Antoine, chercheur à l’université Paris VIII. De fait, confirme un syndicaliste policier, «les armes transitent quasi librement des anciens pays du bloc de l’Est». Pour autant, elles circuleraient via des «trafics de fourmis», «ramenées à la commande, en relativement petites quantités», selon le journaliste en criminologie Jérôme Pierrat, cité par L’Obs.
Armes faciles d’accès et bon marché ?
Ces trafics s’étendraient notamment à la France où le phénomène semble monter en puissance. Ainsi, dans la région Nord-Pas-de-Calais, policiers et spécialistes constatent depuis plusieurs années une circulation plus importante des armes à feu, utilisées de plus en plus par des petits délinquants. C’est ce que semblent montrer des faits-divers sanglants, comme celui d’un étudiant de 20 ans grièvement blessé par balles en pleine rue à Lille en janvier 2014. Les «équipements» les plus répandus seraient d’abord la kalachnikov. Mais l’on trouverait aussi des fusils mitrailleurs, des uzis…
Ces équipements sont achetés «en Belgique», affirme le syndicaliste policier cité plus haut. Là, les armes seraient faciles d’accès. Et bon marché. Selon Le360 et francetvinfo, une kalachnikov coûterait entre 1000 et 2000 euros. «Il suffirait d’avoir les bonnes connexions entre les réseaux djihadistes et les trafiquants d’armes croates», assure (toujours au conditionnel) le site marocain. Actuellement, on compterait 900.000 armes dans le royaume pour une population de 11 millions d’habitants. Un tiers ne serait pas enregistré.
Et qu’en disent les Belges ? On a déjà vu plus haut ce qu’en dit à demi-mot le ministre belge de la Justice. «Oui, nous avons clairement un marché noir à Bruxelles. Il y a un trafic. C’est certain. Mais ce n’est pas le seul en Europe», a expliqué à Paris Match Nils Duquet, chercheur à l’Institut flamand de la paix. «Nous avons différentes manières de faire dans chaque pays. Nous avons une zone Schengen, où nous pouvons facilement passer d’un pays à l’autre sans contrôles frontaliers. Beaucoup de criminels profitent de cette situation», ajoute-t-il.
A l’écouter, la mauvaise image de la Belgique «vient du passé. Avant, c’était facile pour les criminels d’acheter des armes légalement (dans ce pays) et (de les) apporter dans leur propre pays illégalement. Depuis 2006, la législation est beaucoup mieux encadrée. Juridiquement, nous sommes au point» outre-Quiévrain.
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