UE : pas d'accord pris pour donner statut de candidate à la Serbie
Belgrade a beau avoir réuni toutes les conditions nécessaires, les ministres chargés des Affaires européennes ont simplement "recommandé" la Serbie mardi, et attendent la décision du Conseil européen.
La décision de donner ou non à la Serbie le statut de candidate à l'adhésion à l'Union européenne (UE), qui devait être entérinée mardi 28 février, n'a pas été prise. Les ministres chargés des Affaires européennes "recommandent" simplement "l'octroi du statut de candidat à la Serbie et attendent avec impatience la décision qui sera prise par le Conseil européen", indique un communiqué de l'UE.
La Roumanie a bloqué un accord immédiat, a-t-on indiqué de sources diplomatiques. L'octroi du statut de candidat nécessite en effet l'unanimité des 27.
La Serbie "a rempli toutes les conditions"
La décision aurait dû être "un encouragement à Belgrade pour progresser sur la voie de son rapprochement avec l'UE", disait lundi le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, tout en reconnaissant que le pays avait "encore du chemin à parcourir" pour rejoindre les 27 Etats membres.
"La Serbie a rempli les conditions pour obtenir le statut de candidat", avait déjà estimé le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt. "Les Serbes ont fait ce qu'on leur demandait, tout est sur la table", a fait écho son homologue luxembourgeois, Jean Asselborn. Le ministre des Affaires étrangères autrichien, Michael Spindelegger, s'est dit optimiste sur les chances de Belgrade d'obtenir satisfaction et de voir les portes de l'UE s'entrouvrir. "Je pense que la tendance générale est à présent d'accorder ce statut de candidat à la Serbie", a-t-il dit.
Lituanie et Roumanie sur la réserve
Plusieurs sources diplomatiques ont cependant indiqué que l'accord sur le statut de candidat n'était pas encore acquis en raison de réticences de la part de la Lituanie et de la Roumanie.
Vilnius a d'abord un contentieux ponctuel avec Belgrade: la Serbie a provoqué sa colère en proposant son ministre des Affaires étrangères comme candidat à la présidence de l'Assemblée générale des Nations unies, poste brigué par la Lituanie. De plus, la Lituanie, ancienne République soviétique, se méfie de la Serbie. "Fondamentalement les Lituaniens perçoivent la Serbie comme une partie de la Russie qui va entrer dans l'Union européenne", souligne un diplomate.
De son côté, la Roumanie, veut des garanties concernant le respect de la minorité roumaine de Serbie. Mais de l'avis de diplomates, ces sujets de discorde devraient pouvoir, sauf surprise, être résolus d'ici à la fin du sommet européen.
Réchauffement diplomatique avec le Kosovo
Toutes les décisions en matière d'élargissement de l'UE, y compris l'octroi du statut de candidat, nécessitent l'unanimité des Etats déjà membres. L'Allemagne, qui bloquait le processus jusqu'ici, a envoyé des signaux conciliants la semaine dernière. Mais le principal obstacle a été levé vendredi 24 février, quand la Serbie a conclu un accord avec le Kosovo sur deux dossiers très sensibles : la participation de Pristina aux réunions régionales dans les Balkans et la gestion en commun des postes-frontières avec les Kosovars.
Les négociateurs des deux parties sont notamment tombés d'accord sur le fait que le Kosovo ne serait désormais plus représenté dans les réunions des pays balkaniques par un organisme de l'ONU, mais qu'il pourrait signer lui-même les accords conclus lors de ces entretiens, sans pour autant que Belgrade reconnaisse l'indépendance du Kosovo. La province s'est émancipée de la Serbie depuis 2008, et est partiellement reconnue comme Etat par la communauté internationale.
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