L'Irlande demande une aide financière à l'Europe
La semaine dernière, le gouvernement irlandais en aurait presque souri. Officiellement du moins : l'Irlande n'avait pas besoin d'une aide financière de l'Europe et du FMI. Des assurances surtout destinées à rassurer les Irlandais, très chatouilleux sur la question de l'indépendance, et qui voyaient d'un très mauvais œil une prise de contrôle partielle de leur économie par des institutions externes.
Mais depuis jeudi, le gouvernement irlandais et les experts de l'UE et du FMI discutaient des modalités de l'aide. Un jeu de “non-oui, peut-être-finalement oui” qui s'est donc achevé ce soir : le ministre des Finances Brian Lenihan a annoncé à la radio que Dublin allait demander “à bénéficier du programme d'aide” mis en place il y a six mois par l'UE et le FMI. Ce qui a été officiellement fait dans la soirée.
L'enjeu est de sauver les banques irlandaises, mises à mal par la crise financière et ses suites. Elles se débattent avec des dettes abyssales, contractées après l'éclatement de la bulle immobilière. Dublin explique que l'argent du prêt servira à créer un “fond de prévoyance”, qui ne serait pas forcément utilisé. Mais le gouvernement, avec un art consommé de la litote, admet qu'“une partie de l'argent pourrait servir à la recapitalisation des banques”.
L'Irlande est ainsi le second pays à demander l'aide de l'Europe et du FMI, après la Grèce il y a six mois. Mais le ministre des Finances irlandais s'empresse de préciser que le montant du prêt serait moindre que celui d'Athènes, qui s'élevait à 110 milliards d'euros. “Il évoque quelques dizaines de milliards”. Mais il ajoute que “celà ne sera certainement pas un nombre à trois chiffres”. Les experts estiment que le montant se situera entre 40 et 100 milliards d'euros, 80 à 90 milliards selon une source européenne. Les ministres des Finances de la zone euro ont tenu une conférence téléphonique ce dimanche soir pour discuter des modalités. Les ministres ont accepté de fournir cette aide.
Pour décrocher cette bouée de sauvetage, Dublin a dû concocter un nouveau plan de rigueur, visant à économiser 15 milliards d'euros sur quatre ans, soit 10% du PIB du pays. Le détail des mesures sera rendu public mardi. Le gouvernement espère que l'Europe et le FMI ne rajouteront pas de nouvelles dispositions, qui laisseraient à penser du côté des électeurs que l'économie est sous contrôle externe. Quand à l'UE, elle croise les doigts pour que ce nouveau coup de tabac ne malmène pas trop l'euro. Et qu'il soit le dernier.
Grégoire Lecalot, avec agences
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.