L'île d'Arranmore veut vivre
Un bout de terre de 20 km², un confetti à une encablure de la côte du Donegal, sur la façade atlantique de l'Irlande. Ici, la pêche constitue la seule ressource ou presque, avec l'élevage. Du reste, beaucoup sont partis tenter leur chance ailleurs, jusqu'en Amérique, comme aux pires moments qu'a connu le pays.
En moins de dix ans, l'île a perdu le tiers de ses habitants. Ils sont à peine 500 et cette année aucune naissance n'a été enregistrée. Et l'école où l'on enseigne en gaëlique n'accueille plus que treize élèves. Le tableau n'est guère souriant.
Dans ce difficile contexte, la politique européenne appliquée sans discernement, va entraîner le chaos.
En 2006, pour préserver la ressource halieutique, la pêche au filet est interdite en Irlande. Interdiction donc de capturer le saumon. En échange, les pêcheurs obtiennent des compensations financières, 40.000 euros en moyenne.
Sur Arranmore, les dix-sept pêcheurs refusent de signer quoi que ce soit. Ils réclament le droit de tout pêcher, y compris le saumon. En fait, le droit de continuer à vivre dans ce bout de terre. Comble de la politique à la petite semaine, au large d'Arranmore, de gros chalutiers étrangers viennent râcler les fonds. L'Irlande leur a vendu ses quotas de pêche, ignorant sans doute que certains Irlandais sont encore pêcheurs...
Finalement, dans un sursaut d'humanité, les technocrates européens se sont souvenus qu'il fallait aider les peuples. Arranmore vient d'obtenir le droit de mouiller de nouveau des filets. Mais les pêcheurs veulent encore mener l'ultime combat; récupérer le droit de capturer des saumons.
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