L'examen de la demande d'extradition de Julian Assange vers la Suède reprendra vendredi
Les deux jours d'audience lundi et mardi n'ont pas permis d'examiner la totalité du dossier. Les avocats n'ont pu prononcer leurs conclusions.
Julian Assange et ses avocats avaient repris mardi leur offensive contre la demande de son extradition vers la Suède.
Le fondateur de WikiLeaks, dont le site internet a provoqué la colère des Etats-Unis en diffusant des milliers de télégrammes diplomatiques, est soupçonné en Suède d'agressions sexuelles sur deux collaboratrices du site.
La Suède réclame l'extradition d'Assange pour l'entendre, après la plainte de deux jeunes femmes qui l'accusent de les avoir forcées à avoir des relations sexuelles non protégées.
Toute la stratégie des défenseurs d'Assange consiste à convaincre la justice britannique de l'illégalité de la demande d'extradition et de l'invalidité des accusations de viol.
Un procureur suédois critique la gestion de l'affaire par la Suède
Après avoir démonté lundi point par point la requête du parquet suédois, la défense a fait citer mardi devant le tribunal de Belmarsh, à Londres, un ancien procureur, aujourd'hui chroniqueur judiciaire en Suède, qui s'est lui aussi interrogé sur les fondements de la demande de Stockholm.
Pour Sven-Erik Alhem, les autorités suédoises auraient dû interroger Julian Assange en Suède, avant qu'il ne gagne la Grande-Bretagne. Puis elles auraient dû chercher à entendre ses explications en Grande-Bretagne avant de demander son extradition.
"Je ne comprends pas très bien pourquoi Julian Assange ne pourrait pas être entendu ici, si les autorités britanniques sont d'accord", a commenté l'ancien magistrat, Sven Erik Alhem, soulignant que son interrogatoire pouvait être mené par visio-conférence. Il s'est également étonné que le nom d'Assange ait été divulgué alors qu'il n'est même pas inculpé.
Mardi, une juge suédoise à la retraite, également appelée à la rescousse par les avocats d'Assange, avait mis en cause à la barre la procureure suédoise, jugeant qu'elle avait "plutôt un parti-pris contre les hommes" dans les affaires d'agressions sexuelles.
L'Australien, âge de 39 ans, a toujours assuré que les jeunes femmes étaient consentantes. Et pour ses partisans, leurs accusations relèvent d'un complot pour museler le fondateur du site WikiLeaks. Nombre de gouvernements ont été mis sous pression après la publication ces derniers mois de milliers de documents officiels confidentiels embarrassants.
Crainte d'une extradition vers les Etats-Unis
Lundi, ses avocats ont d'abord remis en question la qualification de viol, soulignant que "ce qui est considéré comme viol en Suède ne l'est pas dans les autres pays". Il faudrait que le délit soit reconnu en Grande-Bretagne pour que la justice britannique puisse répondre favorablement à la demande d'extradition suédoise.
Il faut aussi que cette demande respecte la Convention des droits de l'Homme: les défenseurs d'Assange mettent donc en avant le "risque réel" qu'une fois extradé en Suède, l'Australien soit envoyé aux Etats-Unis pour être "interné sur la base de Guantanamo" voire "condamné à mort". Elle avance ainsi qu'une extradition contreviendrait à la convention européenne des droits de l'Homme.
D'autres recours sont possibles
Le fondateur de WikiLeaks, qui en est à sa cinquième comparution depuis son arrestation en Grande-Bretagne début décembre, joue cette fois très gros, mais de multiples recours s'offrent encore à lui si le tribunal, qui devrait mettre son jugement en délibéré, venait à suivre le parquet suédois.
Un appel est en effet possible devant la Haute Cour dans un délai de sept jours. Un nouveau pourvoi est ensuite envisageable devant la Cour d'appel, dans un délai d'un mois, puis une ultime contestation devant la Cour suprême, dans le même délai.
La Cour suprême statue en dernier ressort au Royaume-Uni, mais il reste ensuite la Cour européenne des droits de l'Homme.
La justice américaine a ouvert une enquête contre le fondateur de WikiLeaks, qui a aussi publié en 2010 des rapports de l'armée américaine sur les guerres en Afghanistan et en Irak. Mais elle ne l'a pas officiellement inculpé et n'a pas demandé son extradition.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.