L'Etat portugais injecte plus de 4 milliards pour sauver Banco Espirito Santo
Après avoir longtemps écarté ce scénario, le gouvernement puisera ainsi dans l'enveloppe de 12 milliards d'euros réservée aux banques dans le cadre du plan de sauvetage du Portugal négocié avec la troïka.
Tout sauf un scénario de contagion à l'ensemble du secteur financier du Portugal, voire de l'Europe. L'Etat portugais s'est résolu, dimanche 3 août, à renflouer à hauteur de 4,4 milliards d'euros la banque en difficulté Espirito Santo (BES), en puisant dans l'enveloppe de 12 milliards d'euros réservée aux banques dans le cadre du plan de sauvetage du Portugal négocié avec la troïka (Union européenne, Banque centrale européenne-Fonds monétaire international). La Commission européenne a validé ce scénario, lundi 4 août.
Après avoir longtemps écarté ce scénario, le gouvernement vole au secours de la banque, mise à mal par les déboires financiers de la famille Espirito Santo. Après avoir publié une perte semestrielle record de 3,57 milliards d'euros, "Banco Espirito Santo présentait un risque de cessation de paiements qui aurait mis en danger le système financier national", a déclaré le gouverneur de la Banque du Portugal Carlos Costa, en présentant le plan de sauvetage de la banque. Et d'estimer : "Il était urgent d'adopter une solution pour garantir la protection des dépôts."
Face à l'hécatombe du titre en Bourse, qui a été suspendu vendredi après avoir chuté de près de 75% en une semaine, les espoirs de voir la banque attirer de nouveaux investisseurs sans recourir à l'aide de l'Etat avaient été anéantis.
Le Crédit agricole parmi les actionnaires pénalisés
Pour arrêter l'hémorragie, les autorités portugaises ont décidé de scinder la banque en deux entités, afin de permettre de séparer les actifs toxiques des produits sans risque. Les actifs toxiques, dont les titres de dette à haut risque de la famille Espirito Santo et les parts dans la filiale de BES en Angola, seront logés au sein d'une structure de défaisance (bad bank), chargée de les liquider.
L'ensemble des actifs sains seront regroupés au sein d'une nouvelle banque, baptisée Novo Banco, qui sera contrôlée par le Fonds de résolution des banques portugaises, créé en 2012 à la demande de la troïka afin de pouvoir faire face à des crises bancaires. "Rien ne change pour les clients. Ils pourront réaliser toutes les opérations habituelles sans perturbation. BES deviendra dès lundi Novo Banco, même si les agences garderont dans un premier temps les anciens logos", précisent les autorités.
Quant à la "bad bank", elle restera entre les mains des actuels actionnaires, qui risquent d'être lourdement pénalisés car ils seront amenés à en assumer les pertes, a prévenu le ministère des Finances. Parmi les actionnaires figure, avec une part de 14,6%, le groupe français Crédit agricole, qui devra dévoiler l'ampleur des dégâts lors de la présentation de ses comptes mardi.
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