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Un artiste flamand se fait agresser après un lancer de chats

Le plasticien Jan Fabre est connu pour ses provocations. Cette fois, il a été victime d'une agression après avoir lancé des chats en l'air, dans une installation qui a choqué les défenseurs des animaux.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'artiste flamand Jan Fabre s'est excusé pour avoir lancé des chats en l'air à l'hôtel de ville d'Anvers (Belgique). (HERWIG PRAMMER / REUTERS)

BUZZ – Chat fait mal. L'artiste Jan Fabre est au cœur d'une polémique en Belgique, après avoir organisé un lancer de chats à l'hôtel de ville d'Anvers, dans le nord du pays. La vidéo a créé une polémique et le plasticien a même été agressé. Il est désormais sous protection policière.

Des chats qui ne retombent pas toujours sur leurs pattes

Les images ont suscité la colère des amis du félin. Sur la vidéo d'une performance de l'artiste flamand Jan Fabre, on voit plusieurs personnes jeter des chats en l'air. Censés retomber sur leurs pattes, deux d'entre eux s'écrasent lamentablement sur les marches du bâtiment. C'est là que les ennuis commencent. Des techniciens de l'équipe protestent, ce qui interrompt l'enregistrement, indique le site de la RTBF. La vidéo est toujours visible sur les sites de partage. 

Aussitôt dévoilée, elle fait scandale. Luc Bungeneers, échevin (adjoint au maire) du parti nationaliste flamand Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA, chargé du bien-être animal, porte plainte et l'association de défense des animaux Gaia a également fait part de son indignation, à travers la voix de son président, Michel Vandenbosch : "J'en ai marre, et je ne suis pas le seul, de voir de soi-disant artistes maltraiter des animaux sous prétexte d'art." La page "Cruauté envers des animaux à la mairie d'Anvers" (en flamand) réunissait plus de 16 000 personnes sur Facebook, vendredi à 15h30. 

Agression à coups de matraque

Mais l'affaire n'en est pas restée là. Victime d'insultes et de menaces, Jan Fabre a fini par être agressé par sept personnes à coups de matraque, alors qu'il faisait un jogging dans un parc d'Anvers. Il aurait déjà reçu plus de 20 000 mails d'insultes. Interrogé par la chaîne VRT, l'artiste a expliqué ne plus être en sécurité : "J'ai dû courir pour sauver ma vie." Il a été placé sous protection policière et dit dormir "depuis trois, quatre jours à des adresses différentes".

Il a également fait le tour des médias pour présenter ses excuses, rapporte la RTBF : "Je regrette vivement que ces chats soient mal retombés. Je veux m'excuser auprès des amis des chats. Ce n'était pas mon intention de blesser ou faire mal aux chats. Les chats vont bien." Il précise d'ailleurs que "les scènes ont duré deux fois deux minutes" et que "les chats sont tombés sur un quadruple tapis de yoga".

L'artiste défend un projet artistique

La scène doit figurer dans un film qui retrace la carrière du plasticien, La Beauté du guerrier, et qui intègre d'autres animaux, notamment pensionnaires d'un zoo. Ce n'est pas la première fois que Jan Fabre lance des chats en l'air, puisqu'il avait pensé une installation similaire dans les années 80. A le croire, ces performances trouvent leur inspiration dans la photographie Dalí Atomicus, réalisée en 1948 par le photographe Philippe Halsman. On y voit Salvador Dalí planer au milieu de chats dont le saut n'a rien de naturel. 

La 28e tentative fut la bonne. En 1948, le photographe Philippe Halsman fige le peintre Salador Dali dans l'espace, en compagnie de chats en suspension. (LIBRARY OF CONGRESS, WASHINGTON / WIKIMEDIA COMMONS)

Les œuvres de Jan Fabre sont souvent sulfureuses. Il est déjà l'auteur d'une performance montrant un concours de masturbation. Ses pièces de théâtre autour du sang et de l'urine ont également marqué l'édition 2005 du festival d'Avignon. Artiste "invité" au Louvre parisien, il expose une série d'autoportraits au musée des Beaux-Arts de Bruxelles (Belgique).

Des soupçons de manœuvre politique

"J'ai l'impression qu'on a voulu faire du sensationnalisme et que c'est exagéré", a expliqué Jan Fabre à l'antenne de la RTBF. Il soupçonne d'ailleurs une manœuvre des élus du N-VA, dans un entretien accordé au quotidien Het Nieuwsblad (en flamand).

Car depuis, l'affaire a pris un tour politique. Le tournage a été autorisé par la municipalité sortante, qui était socialiste. Mais la scène du lancer de chats n'était pas prévue dans l'autorisation d'abord accordée à l'artiste. Et l'élu qui a porté plainte est membre du parti nationaliste flamand N-VA, vainqueur des dernières élections en octobre. Depuis, le zoo et le musée Mayer Van den Bergh ont fermé leurs portes à Jan Fabre. 

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