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L'archidiocèse catholique de Dublin a étouffé de façon obsessionnelle des violences sexuelles commises par des prêtres

Quatre archevêques successifs ont protégé les auteurs d'abus et n'ont "pas signalé à la Gardai (police irlandaise) qu'ils étaient au courant d'abus sexuels sur des enfants" commis depuis les années 60, selon un rapport officiel, fruit de trois ans d'enquête.Un prêtre a reconnu avoir violenté plus de cent enfants, dit ce rapport.
Article rédigé par France2.fr
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Pendant 30 ans, les prêtres irlandais ont infligé viols et autres sévices à des élèves mineurs

Quatre archevêques successifs ont protégé les auteurs d'abus et n'ont "pas signalé à la Gardai (police irlandaise) qu'ils étaient au courant d'abus sexuels sur des enfants" commis depuis les années 60, selon un rapport officiel, fruit de trois ans d'enquête.

Un prêtre a reconnu avoir violenté plus de cent enfants, dit ce rapport.


Une pratique répandue

Un autre dit s'être livré à la même pratique toutes les deux semaines pendant plus de vingt-cinq ans, dit le rapport. Selon le document, qui devait montrer comment l'Eglise et l'Etat ont traité les plaintes pour viol sur mineurs, un échantillon représentatif de 46 prêtres fait "très clairement" apparaître une pratique répandue.

"En traitant les cas de sévices sexuels sur enfants, l'archidiocèse de Dublin avait pour préoccupation, au moins jusqu'au milieu des années 1990, de préserver le secret, d'éviter le scandale, de protéger la réputation de l'Eglise et ses biens", dit le document.

"Toutes les autres considérations, y compris le bien-être des enfants et la justice pour les victimes, ont été subordonnées à ces priorités", précise le rapport, qui est publié par le ministère de la Justice.

Mgr Diarmuid Martin, archevêque en poste depuis la fin de la période couverte par l'enquête, a déclaré que les efforts déployés auparavant pour étouffer le scandale provoquaient maintenant un terrible scandale.
"Que puis-je éprouver alors que je dois dévoiler ici devant vous les histoires révoltantes de sévices sexuels et de viols de nombreux jeunes enfants et adolescents par des prêtres du diocèse ? Aucun mot d'excuse ne suffira jamais", a-t-il dit.

Les conclusions de cette enquête arrivent six mois seulement après un autre rapport qui avait horrifié l'Irlande en mai en révélant des décennies d'abus sexuels, parfois "endémiques", à partir des années 1930 dans les institutions pour enfants dirigées par l'Eglise catholique.

Les victimes réclament des sanctions
Les victimes des abus sexuels commis par des prêtres de la région de Dublin pendant plusieurs décennies ont exprimé leur colère et appelé à des sanctions.

"C'est la fin d'une longue route pour les victimes d'abus et en particulier pour ceux qui ont protesté pendant de nombreuses années et qui ont été diffamés par l'Eglise et qualifiés de menteurs", a déclaré Marie Collins, elle-même victime d'abus dans les années 1960.

"Ce rapport nous donne raison et montre que tout ce que nous avons dit sur le fait que ça avait été étouffé" était vrai, a-t-elle ajouté. Elle a dénoncé le fait que les prêtres auteurs des abus étaient transférés "d'une paroisse à l'autre" et ainsi "autorisés à commettre encore plus d'abus".

Maeve Lewis, directrice d'une association de soutien aux victimes One in Four, s'est indignée que la police et les services sociaux n'aient pas dénoncé ces actes.

"Ces gens sont aussi coupables que les auteurs d'abus sexuels eux-mêmes", a-t-elle déclaré, réclamant l'ouverture d'une enquête criminelle contre "tous ceux qui ont été de connivence et ont conspiré pour protéger l'Eglise catholique".
La police irlandaise, la Gardai, est accusée d'avoir fermé les yeux sur de nombreuses accusations d'abus sexuels de la part de prêtres. Elle jugeait que ces faits ne relevaient pas de sa compétence.

L'Eglise catholique accusée dans d'autres pays
Des accusations analogues ont été portées contre l'Eglise catholique dans d'autres pays, en particulier aux Etats-Unis où sept diocèses ont pris des mesures pour se mettre à l'abri de poursuites intentées par des victimes d'abus.

Le pape Benoît XVI a condamné les sévices sexuels imputables à des membres du clergé et estimé que les prêtres pédophiles devaient être traduits en justice. Il a rencontré des familles de victimes au cours de sa visite de 2008 aux Etats-Unis.

Des abus analogues ont été signalés en Australie, en Grande-Bretagne, au Canada, en France ou en Pologne.

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