L'ancien Premier ministre britannique avait été averti officiellement, en 2002, de l'illégalité de la guerre en Irak
A l'époque, le principal conseiller juridique du gouvernement britannique avait informé Tony Blair que renverser le président irakien Saddam Hussein serait contraire aux lois internationales, a révélé dimanche le Mail On Sunday.
Peter Goldsmith avait écrit une lettre au Premier ministre 8 mois avant le conflit, or Tony Blair n'en a pas tenu compte.
Le Premier ministre travailliste a apporté un soutien sans faille au président américain George W. Bush dans sa campagne militaire en Irak. Cette adhésion empressée a coûté cher à Tony Blair en termes de popularité et de crédibilité auprès de ses concitoyens britanniques.
Peter Goldsmith, à l'époque Procureur général (Attorney General, chef du Parquet et principal conseiller du gouvernement en matière légale) a adressé un courrier au Premier ministre britannique 8 mois avant le début de l'invasion de l'Irak (20 mars 2003), d'après l'édition dominicale du quotidien britannique Daily Mail. La commission d'enquête sur l'engagement britannique en Irak, qui a débuté ses travaux fin novembre, est en possession de cette lettre, poursuit le quotidien.
Le Mail On Sunday affirme que Peter Goldsmith a été contraint au silence après avoir tenté de dissuader Tony Blair d'apporter son soutien à la guerre en Irak. L'Attorney a rédigé cette lettre après une réunion du Cabinet, le 23 juillet 2002, lors de laquelle les ministres ont été secrètement informés que Londres et Washington étaient déterminé à "un changement de régime" en Irak, selon le journal. Présent à la réunion, il avait fortement marqué son désaccord et, le 29, il avait écrit à Tony Blair, qui était un ami proche, que la guerre ne pouvait être justifiée sur les simples bases d'un "changement de régime", explique l'article.
Bien que les règles de l'Onu permettent "une intervention militaire sur la base de la légitime défense", elles ne s'appliquent pas au cas de l'Irak, car la Grande-Bretagne n'est pas menacée par Saddam Hussein, avait-il plaidé.
Un ami anonyme de Peter Goldsmith a affirmé au journal que Tony Blair était devenu "fou furieux" en recevant la lettre et a ajouté que l'Attorney avait été soumis à d'énormes pressions de la part du cercle rapproché du Premier ministre, au point qu'il avait menacé de démissionner. De guerre lasse, semble-t-il, Peter Goldsmith avait finalement fourni des arguments juridiques au conflit, quelques jours avant son déclenchement en mars 2003, dans un document laconique.
La commission d'enquête, présidée par Sir John Chilcot, haut fonctionnaire en retraite, doit tenir des auditions publiques jusqu'en février 2010, afin de rendre son rapport d'ici à la fin de la même année. Quant à Peter Goldsmith et Tony Blair, ils doivent être entendus au début 2010.
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