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L'Allemagne et l'Autriche rattrapées par la crise des migrants

Plusieurs trains remplis de migrants ont quitté ce lundi la gare de Budapest pour Munich, dans le sud de l'Allemagne. Les convois se sont fait arrêter à la frontière autrichienne et quatre d'entre eux se sont dirigé vers Vienne. Jamais l'Union européenne et l'espace n'a été confrontée à une telle crise, qui remet en question l'espace Schengen, vivement critiqué par Londres.
Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Des centaines de réfugiés syriens, afghans ou érythréens sont arrivés à Munich ce lundi. © Maxppp)

Revoir une fois encore ces images en Europe : des trains bondés où s'entassent hommes, femmes, enfants et vieillards avec quelques affaires mal empaquetées. Des visages épuisés, mais déterminés. Jamais l'Union européenne n'a eu à faire face à une telle crise migratoire : la Méditerranée, le Pas-de-Calais, la Hongrie et à présent l'Allemagne et l'Autriche où plusieurs trains remplis de migrants sont arrivés ce lundi, sans parler de ce camion dans lequel 71 personnes ont trouvé la mort sur le territoire autrichien.

"Nous en avons eu assez, assez de morts, de souffrance et de persécutions "

Dans la capitale bavaroise, c'est un train de avec environ 400 migrants à son bord qui est arrivé de Budapest, après que la police hongroise eut renoncé à contenir les réfugiés qui campaient dans les gares du pays. Quelque 190 migrants ont été contrôlés à Rosenheim, au sud de Munich, puis conduits en car vers une ancienne caserne. Faute de pouvoir prendre en charge tous les passagers, 200 autres migrants ont poursuivi leur route jusqu'à Munich, a précisé la police à l'agence de presse allemande DPA. Originaires essentiellement de Syrie, d'Afghanistan ou d'Erythrée, ces migrants ont été conduits dans un bâtiment voisin de la gare et enregistrés en attendant un autre train, en provenance lui aussi de Hongrie via Vienne. Au total, 2.000 personnes attendant dans les gares de Budapest, transformées en camps de réfugiés.

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Par ailleurs, 20.000 personnes ont manifesté à Vienne après la découverte du camion rempli de cadavres contre le traitement réservé aux réfugiés : "Nous en avons eu assez, assez de morts, de souffrance et de persécutions ", s'est exclamé l'archevêque de Vienne. 

La Hongrie laisse filer

En vertu du règlement de Dublin, les demandeurs d'asile doivent demeurer dans le pays via lequel ils sont entrés dans l'Unions européenne et y rester pour instruire leur dossier. S'ils passent dans un autre Etat membre, ils courent le risque d'être renvoyés dans ce premier pays. Mais les autorités hongroises, qui empêchaient les migrants de poursuivre leur voyage jusqu'à présent en l'absence de visa "Shengen", ont laissé partir les migrants qui s'entassent sur les quais de leur capitale. 

Berlin instruit les dossiers syriens

De nombreuses discussions sont prévues ou ont eu lieu entre pays européens pour tenter de trouver une réponse à cette crise sans précédent depuis 1945. La chancelière allemande, pour sa part, l'a comparé à l'afflux d'Allemands de l'est qui a suivi la réunification du pays après la chute du rideau de fer. Berlin a décidé d'instruire les dossiers d'asile pour les réfugiés syriens entrés sur son territoire. Le sort des autres sera sans doute au coeur des discussions du 14 septembre, sous l'égide du Luxembourg, qui assure la présidence tournante de l'UE. La situation sur le terrain aura évolué d'ici là.

Espace Schengen en question

Cette crise remet en cause le fonctionnement de l'espace de libre-circulation Schengen, qui ne trouve pas de réponse à cet afflux. Les différents pays membres ne parviennent pas à se mettre d'accord sur une répartition des réfugiés sur leurs territoires. Les quatre pays d'Europe centrale doivent se réunir vendredi et la Slovaquie refuse d'ors et déjà toute idée de quota. Enregistrant ces ratés, la chancelière a estimé que si l'UE ne trouvait pas de solution, la libre circulation en Europe serait remise en question. Londres de son côté a biffé depuis longtemps les points d'interrogation, estimant que la suppression des contrôles aux frontières aggravait la crise des migrants.

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