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Kiev craint l'imminence d'une «invasion russe à grande échelle»
La guerre qui fait toujours rage à l'est de Ukraine pourrait s'étendre à la Crimée. En cause, une nouvelle brouille diplomatique entre Kiev et Moscou à propos de la préparation supposée d'attentats contre l'occupation russe dans la péninsule.
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Trois soldats ukrainiens ont été tués et six autres blessés dans les affrontements entre forces gouvernementales et séparatistes pro-russes dans l'est de l'Ukraine, le 17 août 2016. «Au cours des 24 dernières heures, nous avons malheureusement essuyé des pertes, a signalé un porte-parole militaire de Kiev à l'AFP. Hier, la situation dans la zone de l'opération antiterroriste s'est de nouveau déteriorée. Les rebelles ont presque multiplié par deux le nombre de leurs attaques contre nos positions». Il a ajouté: «La dernière fois que nous avons observé des tirs aussi nourris, avec recours à des armes lourdes, c'était il y a un an.»
Une escalade meurtrière
«L'opération antiterroriste», c'est l'expression employée par Kiev pour qualifier le conflit qui déchire l'est du pays depuis plus de deux ans. Un mois après l'annexion de la Crimée par la Russie, le 18 mars 2014, deux régions administratives – l'oblast de Donetsk et celui de Lugansk (voir carte) – ont déclaré leur indépendance. Ces deux régions, qui forment le «Donbass», sont à majorité russophone et souhaitent, à terme, rejoindre la Fédération de Russie. Celle-ci est suspectée d'aider les sécessionnistes par l'envoi d'hommes et de matériel.
Une indépendance non-reconnue par Kiev, qui y a envoyé des troupes pour combattres les «terroristes» séparatistes. Près de 9500 personnes ont trouvé la mort dans le conflit. A l'été 2016, les affrontements se sont concentrés autour de l'agglomération de Donetsk (700.000 habitants), fief de la rébellion. Le mois de juillet a été le plus meurtrier depuis la signature des accords de Minsk de février 2015.
Le fait nouveau, c'est que les combats pourraient s'exporter en Crimée, plus au Sud. La tension est montée d'un cran le 10 août, lorsque Moscou a lancé de graves accusations envers Kiev. Les services secrets russes du FSB affirment avoir perdu deux hommes quelques jours plus tôt, lors d'altercations avec des agents infiltrés ukrainiens. Ces derniers auraient tenté deux incursions successives sur le territoire criméen pour y préparer un attentat, afin d'y «déstabiliser le climat sociopolitique».
Le FSB aurait trouvé une vingtaine d'explosifs artisanaux et des munitions sur le lieu des affrontements, près d'Armiansk, à l'entrée de la Crimée. Kiev nie toute implication dans cette opération, dont l'existence n'a pour le moment pas été prouvée.
Ces tensions diplomatiques ont pour conséquence une remilitarisation de la jeune frontière entre l'Ukraine et la Crimée. D'un côté, Vladimir Poutine a annoncé le renforcement des mesures de sécurité près de la frontière, en y déployant des missiles sol-air S-400 dernier cri. Un important déploiement de forces terrestres et navales a été observé dans le nord de la péninsule et dans la mer Noire, dès le 7 août. Le président russe s'est rendu à Sebastopol pour la journée du 19 août.
Pour les observateurs du conflit, ces mouvements laissent entrevoir la volonté de Moscou de créer un couloir terrestre entre la Crimée et le Donbass, séparés par quelques 300 kilomètres (voir carte). En réponse, les gardes-frontières ukrainiens se sont équipés d'armements lourds et de chars. Le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré le 18 août ne plus exclure l'éventualité d'«une invasion russe à grande échelle» en Ukraine.
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