Karl-Theodor zu Guttenberg, contraint à la démission, a été remplacé à la défense par Thomas de Maiziere
La chancelière l'avait soutenu malgré la tempête déclenchée par des révélations concernant sa thèse de doctorat en droit plagiée.
Thomas de Maiziere, membre de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), quitte donc l'Intérieur pour la Défense, tandis que l'Intérieur revient à Hans-Peter Friedrich, chef du groupe parlementaire de la CSU.
Pour l'heure, le baron, âgé de 39 ans, qui était le membre le plus populaire de l'équipe Merkel, a renoncé à "toutes (ses) fonctions politiques".
"J'étais toujours prêt à combattre, mais j'ai atteint les limites de mes forces", "je présente mes excuses à tous ceux que j'ai offensés", a déclaré M. zu Guttenberg à la presse, en invoquant son sens des responsabilités et "les reproches massifs concernant (sa) crédibilité".
Il avait affirmé il y a quelques semaines qu'il ne démissionnerait pas.
Il a plagié sa thèse de doctorat en droit
L'université de Bayreuth, où Karl-Theodor zu Guttenberg avait soutenu sa thèse, l'a officiellement privé mercredi de son doctorat de droit. Dans le texte, 270 pages sont entachées d'emprunts illégitimes, soit les 2/3 de l'ouvrage.
Dans cette thèse obtenue en 2007 à l'université de Bayreuth, Karl-Theodor zu Guttenberg, homme politique le plus populaire d'Allemagne, y comparait la Constitution des USA et les traités constitutionnels européens.
"Baron von Googleberg"
Dans la blogosphère, ont fleuri de très méchants surnoms: "Baron von Googleberg", ou "Baron von Copy and Paste" ("Baron du copié-collé")... Ce dernier surnom a même servi de titre au Financial Times Deutschland qui ne peut pas être suspect de dérive socialisante. "Karl Theodor zu Guttenberg pourrait rentrer dans l'histoire universitaire comme un faussaire de premier plan", estiment d'autres journaux.
Sans doute. Mais en Allemagne, on ne plaisante pas avec ces choses là. Comme on l'a dit, le titre de "Doktor" est socialement très important. Mais surtout, les ministres n'ont droit à aucune incartade: ils doivent souvent démissionner pour des affaires dont en France, on ne parlerait même pas ou à peine. En 2009, la ministre allemande de la Santé, Ulla Schmidt, avait ainsi dû démissionner pour avoir utilisé sa Mercedes de fonction sur son lieu de vacances.
Une star médiatique
Monsieur et Madame zu Guttenberg en visite à des militaires allemands le 13 décembre 2010... (AFP - MAURIZIO GAMBARINI)
Karl-Theodor zu Guttenberg s'appelle en fait Baron Karl Theodor Maria Nikolaus Johann Jacob Philipp Franz Joseph Sylvester Freiherr von und zu Guttenberg... Le lignage de sa famille aristocratique remonte au Moyen Age.
L'homme est né le 5 décembre 1971. Juriste de formation, il exerce dans le secteur privé, avant de se lancer en politique. En 2002, il est élu député (en Bavière). En février 2009, il intègre le gouvernement au poste de ministre de l'Economie, le plus jeune de l'histoire de la République fédérale. Avant de prendre le portefeuille de la Défense en décembre de la même année, à la faveur d'une bavure de la Bundeswehr (l'amée allemande) en Afghanistan pour laquelle son prédécesseur a démissionné.
Le baron s'est déjà retrouvé au centre de plusieurs polémiques. Boucles noires soigneusement plaquées et sourire éclatant, il apparaît régulièrement dans les pages people des magazines en smoking, en battle dress, ou en T-shirt à un concert de rock. Une médiatisation qui fait grincer des dents dans un pays où les politiques sont discrets sur leur vie privée.
M. zu Guttenberg n'hésite pas non plus à mettre en avant son épouse, la blonde Stephanie, comtesse de Bismarck-Schönhausen, descendante du fameux chancelier de l'unité allemande, avec qui il a eu deux filles. Une visite aux troupes en Afghanistan à la veille de Noël avec Stephanie et un célèbre animateur de talk shows télévisés, avait ainsi suscité un tollé. C'était la première fois que la femme d'un ministre allemand
accompagnait son mari dans un pays en crise. Les critiques avaient dénoncé dans ce voyage une mise en scène médiatique.
"Les gens apprécient le fait qu'il ne soit pas un produit de la politique berlinoise", commente le directeur de l'institut de sondages Forsa, Manfred Güllner. "Mais les journalistes le trouvent arrogant", ajoute le sondeur. Voilà qui n'est pas forcément très bon pour celui qui vise certainement la chancellerie...
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