Immigration restreinte : le petit "oui" suisse
C'est un peu petit oui, mais un oui qui risque de gêner d'Union européenne. Les Suisses ont approuvé ce dimanche un texte limitant l'immigration, notamment venant d'Europe. Le oui l'a emporté de justesse à 50,3%. Le vote était organisé à l'initiative du parti UDC, la droite populiste.
Le texte prévoit de réintroduire un quota d'immigration de main d'oeuvre étrangère. Il met également fin à la liberté de circulation et impose un strict contrôle du débit des travailleurs étrangers en fonction des besoins de l'économie. "L'accord sur la libre-circulation des personnes avec l'UE est remis en cause ", a déclaré Didier Burkhalter, ministre suisse des affaires étrangères, et président actuel de la Confédération helvétique. Si l'accord tombe, la Suisse sortira de l'espace Schengen.
"Les pays européens ont mal à leur immigration" (UDC)
Mise en application "rapide"
C'est la première fois en Europe que les citoyens sont appelés à se prononcer sur une telle question de société. La Suisse accueille 23,5% d'étrangers et l'accroissement de la population étrangère pose actuellement des problèmes d'infrastructures et de dumping salarial. Ce qui explique le vote de ce dimanche.
Juste après la publication des résultats officiels, la ministre suisse de la Justice, Simonetta Sommaruga, a indiqué que le gouvernement va mettre en place "rapidement et de manière conséquente " le texte du référendum. Les "citoyens suisses ont accepté l'initiative populaire contre l'immigration de masse et se sont donc prononcés pour un changement de système dans la politique suisse d'immigration ", a expliqué la ministre.
Regret de la Commission européenne
Dans la foulée, l'Union européenne a réagi. La Commission européenne a "regretté " le vote et "examinera les implications de cette initiative sur l'ensemble des relations entre l'UE et la Suisse ".
La Commission a estimé que le texte suisse allait "à l'encontre du principe de libre-circulation des personnes entre l'Union européenne et la Suisse ". L'accord sur la libre-circulation a été signé en 1999 et mis en oeuvre en 2002. Il s'est traduit pas une immigration massive d'Européens en Suisse.
Les frontaliers dédramatisent
Le président du comité de défense des travailleurs frontaliers (CDTF) du Haut-Rhin, Jean-Luc Johaneck, a confié ne pas être inquiété par ce vote. Selon lui, les travailleurs étrangers recherchés en Suisse ont des compétences "très spécifiques " (dans la recherche, l'artisanat, le BTP ou le tourisme). Pour lui, "si on appliquait vraiment un contingentement très strict, cela irait même à l'encontre des résidents suisses ", car de nombreux frontaliers ont des contrats précaires et sont employés à moindre coût par rapport aux Suisses.
Sébastien est l'un des 160.000 frontaliers Français qui vont travailler en Suisse tous les jours. Il est le porte-parole du collectif "Frontaliers, citoyens, soyons solidaires", et estime que ce vote ne changera pas grand chose pour les Français dans l'immédiat. "Les personnes qui travaillent déjà dans les entreprises ne vont pas se faire licencier ". Comme Jean-Luc Johaneck, il sait que les compétences des Français sont désirées en Suisse, comme dans les secteurs de la micro-mécanique.
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