Cet article date de plus de treize ans.

Immigration : La France ne veut pas "subir" les clandestins d'Italie

L'Italie a décidé de délivrer aux clandestins des permis de séjour temporaires valables dans tout l'espace Schengen pour impliquer les autres pays européens. _ Le pays est confronté depuis janvier à un afflux d'immigrants illégaux tunisiens. _ Mais cette décision a aussitôt déclenché une polémique avec la France.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Radio France ©Tony Gentile / Reuters)

La France n'entend pas “subir” un afflux d'immigrés clandestins en provenance du Sud méditerranéen, notamment de Tunisie, et refoulera vers l'Italie les clandestins qui ne disposent pas des ressources nécessaires, a déclaré hier le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant.
La France conteste la décision des autorités italiennes de délivrer un permis de séjour provisoire aux milliers de clandestins tunisiens arrivés en Italie depuis le 1er janvier via l'île de Lampedusa.
Elle estime que cette initiative contrevient aux règles de l'espace Schengen, qui garantit la liberté de circulation des personnes entre les 25 Etats signataires. Claude Guéant doit rencontrer aujourd'hui son homologue italien, Roberto Maroni, à ce sujet.
“C'est une règle de l'Union européenne et des Etats Schengen
que le premier pays visité porte la responsabilité des étrangers
qui se présentent chez lui”, a déclaré Claude Guéant.
Les titres délivrés par l'Italie “sont des autorisations de séjour” (...) “qui ne valent que pour l'Italie”, a-t-il souligné.
“L'Italie a un problème dont je conçois qu'il soit difficile à gérer mais je le répète, la France n'entend pas subir une immigration qui n'a qu'un caractère économique”, a souligné le ministre, ajoutant que “la Tunisie s'ouvre à la démocratie, à la liberté”, après le renversement du régime du président Zine Ben Ali à la mi-janvier.
Claude Guéant estime que“ l'Union européenne doit prendre une position commune à l'égard de l'immigration qui nous vient des pays du sud de la Méditerranée”.

_ La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, s'est démarquée des déclarations de son homologue de l'Intérieur, préconisant une réduction de l'immigration légale, en affirmant que celle-ci devait être “protégée et sécurisée”.

_ La Cimade, l'association de solidarité active avec les migrants, s'est déclarée, “consternée” par les déclarations du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant. Elle estime que la situation actuelle montrait au contraire “ l'échec de la politique européenne en matière d'immigration”.
“On est en train d'assister à l'échec de la politique migratoire de
l'Europe”, a affirmé lors d'une conférence de presse Jean-Paul Nunez, membre de la commission Solidarité internationale de la Cimade, qui rentre d'une mission en Tunisie chargée notamment d'observer les conditions d'accueil dans les camps des réfugiés ayant fui la Libye depuis la mi-février.

_ Ces déclarations interviennent alors que l'Italie a été secouée par un nouveau drame de l'immigration, avec le chavirement mercredi matin au large de Lampedusa d'un navire faisant vingt morts et jusqu'à 250 disparus.

_ Dans une intervention devant la Chambre, le ministre de l'Intérieur italien Roberto Maroni a regretté hier l'attitude de la France.
“L'extrême majorité des personnes interrogées” (immigrés illégaux) “veulent aller dans des pays européens, surtout en France. Nous, nous pensons qu'une initiative commune entre l'Italie et la France est nécessaire” (...). “Malheureusement jusqu'à maintenant, la réaction du gouvernement et des autorités françaises a été hostile”, a-t-il déclaré.

_ Depuis le début de l'année, le ministère de l'Intérieur italien a indiqué que 25.867 personnes, dont environ 21.000 se disent tunisiennes, ont traversé illégalement la Méditerranée pour rejoindre l'Italie.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.